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Arte Fiera invite les Balkans

Face à la multiplication des foires, celle de Bologne a décidé de marquer sa spécificité en s'ouvrant sur les pays de l'Est.


Sislej Xhafa (Kosovo, 1970),
Giuseppe, 2003,
terracotta, morceaux de sucre,
sac plastique.
BOLOGNE. Présence déclinante des galeries françaises : c'est le premier constat que l'on peut faire sur la foire émilienne. Si l'on en compte cinq dont une poignée de participants historiques (Claude Bernard, Di Meo, Plagès, Sapone, Trigano) dans le pavillon 33, consacré à l'art moderne, la délégation se réduit à deux galeries dans les espaces d'art contemporain : Le Gaillard et Magda Danysz, dont c'est le baptême du feu (avec un accrochage monographique d'Icon Tada). Parmi les déçus, on compte Valérie Cueto, qui n'y a pas trouvé en 2003 la clientèle variée qu'elle espérait et qui n'a vendu qu'une pièce, qui plus est à un collègue autrichien. En 2004, la ville invitée est Londres, qui a dépêché une douzaine de représentants avec davantage de jeunes pousses que de poids lourds, Lisson constituant l'exception. On remarquera les créations étranges d'Abigail Reynolds, qui retranscrit en paysages en trois dimensions les statistiques londoniennes sur la criminalité. Quant à la participation nourrie des Allemands et des Autrichiens, elle peut s'expliquer par la proximité géographique et par les retombées du spécial Berlin de l'an passé.


Biljana Djurdjevic (Serbie, 1973),
Les Derniers Jours du
Père Noël
, huile sur toile,
Musée d'art contemporain de Belgrade
Szeemann aux commandes
Alors que la redéfinition des foires, dans un contexte pléthorique, est en cours, Bologne semble avoir choisi sa voie. Plutôt que d'être reléguée en deuxième division dans la présentation de la création mondiale, derrière Bâle, Frieze ou la FIAC, Arte Fiera s'oriente vers une spécialisation régionale. La manifestation va dorénavant défricher la production des pays de l'Est, en particulier des Balkans, entendus au sens large, de l'Albanie à la Turquie. Le maître d'œuvre de cette politique est un vieux routier de l'art contemporain, qui a contribué à écrire l'histoire de la Biennale de Venise ou de Documenta des dernières décennies : Harald Szeemann. «Mais nous avons surtout choisi Szeemann parce qu'il connaît très bien ce qui se crée dans les Balkans, explique Marco Momoli, responsable d'Artefiera. Cette initiative se répètera à l'avenir. Nous voulons que Bologne devienne le point de rencontre obligé pour tous ceux - galeristes ou collectionneurs - qui suivent la création dans cette partie du monde. » La sélection de Szeemann est-elle un reflet fidèle de la réalité ? Si la tête de liste est une star, Marina Abramovic, beaucoup des vingt-six artistes présentés sont effectivement des jeunes créateurs inconnus chez nous. Avec pour point commun une bonne dose de satire et l'abandon à peu près général des techniques classiques, dessin ou peinture, au profit de l'installation, de la photographie et de l'image animée.


 Rafael Pic
22.01.2004