Jacopo della Quercia (v.1371-1438), Vierge à la grenade, 1406, marbre, 147 cm.
Cosmè Tura (v.1430 -1495), L'Annonciation et saint Georges et la princesse, panneau de l'orgue de l'ancienne cathédrale, 1469, huile sur toile tela, détail du Saint Georges
| | Ferrare sur la carte du religieuxLe musée diocésain de Ferrare, qui possède l'extraordinaire Saint Georges de Cosmè Tura, s'installe dans une ancienne église.
Le musée de la cathédrale de Ferrare a été créé en 1929. Il était, depuis lors, logé au-dessus de l’atrium de la cathédrale, dans des pièces accessibles par un escalier fort escarpé. Tirant profit de la loi sur le jubilé 2000, qui a débloqué de nouveaux financements publics, il a été décidé de le déplacer de quelques mètres. «Il occupe maintenant l’ancienne église de San Romano et son couvent annexe, explique Elisabetta Lopresti, des musées de Ferrare. Cette église, désaffectée depuis le 18e siècle, servait déjà de lieu d’exposition mais elle a été entièrement rénovée pour un investissement de 3,7 milliards de lires (environ 2 millions d’euros). Les fresques qui couvraient les murs, œuvre d’école ferraraise mâtinée d’influence de l’école de Rimini, du milieu du 13e siècle, sont conservées dans les dépôts du Palazzo dei Diamanti, au siège de la pinacothèque. Nous étudions la possibilité de les réinstaller.» Une nouvelle aile a été dessinée par les architectes Bernardi et Coppini pour remplacer un bâtiment détruit pendant la guerre. La gestion du musée – dont l’entrée devient payante – est l’objet d’une convention originale entre le chapitre de la cathédrale et la municipalité. Cette administration mixte, si elle fonctionne, pourrait servir de modèle pour d’autres institutions italiennes.
Les collections proviennent pour une grande part de la cathédrale, mais également d’autres églises et dépôts de sculptures. Le musée est organisé en trois sections. La première, dans le bâtiment reconstruit, expose des livres de chœurs enluminés du 15e siècle, dont les «mains» s’appellent Guglielmo Giraldi ou Martino da Modena. La seconde occupe l’espace central de l’église et est organisée autour de la célèbre peinture de Cosmè Tura, Saint Georges et le dragon (1469). Ce panneau pour l’orgue de la cathédrale, créé par le maître le plus respecté de l’école de Ferrare, a subi une restauration dans les années quatre-vingt, menée par les ateliers bolonais de Ottorino Nonfarmale. La troisième partie du parcours est consacrée à la sculpture. Elle inclut l’abside, où se trouve l’importante Vierge à la grenade, du siennois Jacopo della Quercia (1406), ainsi que les espaces latéraux, où sont notamment exposés les bas-reliefs des Mois. Dus à un artiste anonyme du 13e siècle, ils ornaient auparavant la porte du même nom, par laquelle les pèlerins entraient dans la cathédrale. «Leur iconographie est très intéressante, poursuit Elisabetta Lopresti, car elle fait allusion aux activités traditionnelles de la région. On y voit la taille des arbres, le battage du blé par les chevaux ou la salaison de la viande pour préparer les insaccati, les saucisses et boudins locaux.» La tentation est grande, bien sûr, de les comparer avec le magnifique cycle pictural de Tura, Roberti et Cossa, conservé au palais Schifanoia…
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