Bamako, la photographie près de l'équateur

Les Rencontres de Bamako ont été créées en 1994, en partie grâce à l’intérêt que certains photographes français comme Françoise Huguier portaient alors à l’Afrique. On a découvert que ce continent abritait de nombreux créateurs, que leur travail enrichissait l’histoire de la photographie, renouvelant notre curiosité, notamment en ce qui concerne le portrait : les sujets photographiés par le Malien Seydou Keita allaient ainsi croiser notre regard et faire l’unanimité, les étonnants motifs des costumes qu’il sait si bien mettre en valeur retenir définitivement notre attention - Seydou Keita demeure d’ailleurs une référence puisqu’il donne son nom à un prix organisé cette année par les Rencontres.

Par la suite, la manifestation de Bamako s’est en quelque sorte institutionnalisée, avec plus ou moins de bonheur, elle a été associée à des projets d’échanges culturels à caractère politique, elle s’est renouvelée de façon irrégulière. Néanmoins, elle continue puisque ce 15 octobre, une quatrième édition voit le jour, dirigée par d’autres équipes, soutenue par le ministère de la Culture du Mali, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Coopération français, l’Action Française d’Action Artistique (A.F.A.A.), ainsi qu’un ensemble significatif d’entreprises privées qui apportent, pour la plupart, une aide technique et logistique.

Si les expositions dominent le programme, des séminaires et ateliers permettront également aux Africains de faire connaissance avec le travail d’un certain nombre de responsables de la diffusion de la photographie qui n’opèrent pas seulement en France, même si les institutions de notre pays sont très présentes à Bamako. L’échange sera sans doute toujours le moteur de ces Rencontres. Toutefois cette année, l’accent est mis sur la dimension festive et populaire, avec des animations au cours desquelles la photographie croise le cinéma, la danse et la mode. Quant aux expositions, elles se développent autour d’un thème qui n’en est pas vraiment un : le changement de millénaire. C’est plutôt dans une volonté d’affirmer la diversité des sensibilités et des cultures au sein de l’Afrique que se situe le véritable projet de ces Rencontres. À noter une initiative intéressante : celle qui consiste à inviter des créateurs qui ont quitté l’Afrique pour rejoindre d’autres continents - cette année, l’Europe et plus particulièrement le Royaume Uni - formant ainsi une sorte de diaspora photographique.