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Musées

Dali urbi et orbi

La multinationale Dali continue de se développer en cette année de centenaire. L'architecte Daniel Libeskind a accepté de dessiner son nouveau musée à Prague.


La tour Galatée à Figueras
© Fundación Gala - Salvador Dalí
La multinationale tourne à plein régime. Dalí transforme en or tout ce qu’il touche… C’est ce qui semble avoir motivé la décision du maire de Prague, Pavel Bem, de créer un musée célébrant l’artiste catalan. Celui-ci est pourtant déjà bien représenté en Espagne (avec la fondation Gala-Salvador Dalí qui réunit trois musées et reçoit plus d'un million de visiteurs par an) mais aussi dans le monde (à Londres, Paris, Cleveland et Saint-Petersburg aux Etats-Unis, etc) par l’intermédiaire d’espaces parfois hybrides, à mi-chemin entre pinacothèques et boutiques de posters. A Prague, c’est le succès inattendu d’une exposition à la galerie Miro Smolak – 35 000 visiteurs en deux mois - qui a convaincu son propriétaire de «pousser» un projet plus ambitieux. Libeskind, un architecte plutôt expérimental (le nouveau World Trade Center de New York, le Musée de la guerre à Manchester, la future extension Spiral du Victoria & Albert Museum) a accepté l’invitation de la ville. Il s’est probablement senti une affinité avec un artiste qui s’est amusé à faire de la provocation un style de vie, une marque de fabrique rapportant force devises (on pense à sa technique de signer en blanc des lithographies réalisées par d’autres). Même si la répétition a fini par donner à ses extravagances un goût de pétard mouillé… Libeskind sera à Prague le 11 mai, jour de la naissance de l’artiste, qui aurait eu cent ans en 2004, pour dévoiler le projet. Selon les informations communiquées, il verrait le jour en 2007 pour un coût total de 12 millions d'euros.


Vue nocturne du musée Dalí de
Figueras © Fundación Gala -
Salvador Dalí
Duel Dalí-Picasso
En attendant, l'événement, c'est évidemment l'année Dalí. Placée sous le patronage du roi et de la reine d'Espagne, elle prévoit un grand nombre de manifestations en Espagne et dans d'autres pays. La première exposition a ouvert au Caixa Forum de Barcelone. Sous le titre «Culture de masses», elle étudie les rapports de Dalí avec les objets de la modernité - téléphone, automobile, etc. Les autres rendez-vous d'un calendrier chargé porteront sur son admiration pour Gaudí (à la Pedrera de Barcelone, à partir du 5 avril), son amitié avec García Lorca (au palais Moja, à Barcelone, à partir du 15 février) ou encore sur son intérêt extrême pour les manipulations optiques et les trompe-l'œil (au Musée du cinéma de Gérone, à partir du 14 juin). Le couronnement de l'année sera la grande rétrospective organisée à partir du 5 septembre au palazzo Grassi, à Venise, avec plus de 150 toiles. Dalí n'est plus le favori des salles de ventes. Pour l'année 2002, Artprice a recensé 412 lots adjugés à travers le monde, pour un chiffre d'affaires de 8,6 millions de dollars, ce qui le place au-delà de la 40e place du palmarès, derrière Picasso (1356 lots, 82,8 millions de dollars), Warhol (532 lots, 67,2 millions de dollars), Monet (21 lots, 63,7 millions de dollars), Basquiat, Twombly ou Maillol (82 lots, 8,8 millions de dollars). Mais en cote d'amour auprès du grand public, Dalí n'a probablement, parmi les artistes du XXe siècle, qu'un concurrent sérieux : son compatriote Picasso…


 Charles Flours
18.02.2004