Raymond Jonson, City Perspectives, The Portland Art Museum, Don Mr Arthur H. Johnson
© Musée des Beaux-Arts
| | Il était une fois l'Amérique...Le musée des Beaux Arts de Bordeaux met le cap sur les États Unis : panorama de l’art du Nouveau Monde de 1908 à 1947.
Pour la première fois en France, une exposition s’intéresse aux quarante années qui ont précédé l’émergence de l’expressionnisme abstrait sur le territoire américain. Les 86 peintures, 35 dessins et 44 photographies proviennent de grands musées américains comme le musée des Beaux Arts de San Francisco et de Cleveland, la Philipps Collection ou le Whitney Museum of American Art, mais aussi de la Tate Britain de Londres et du Musée Thyssen-Bornemissa de Madrid. Nous retrouvons des figures clés : Edward Hopper, Arshille Gorky, Man Ray ou Georgia O’Keeffe et des artistes moins célèbres hors des États Unis : Winslow Homer, Louis Lozowick ou Robert Gwathmey.
Deux ruptures sont à l’origine de la formation d’une identité artistique américaine. D’une part, l’activité du Groupe des Huit qui impose, au début du siècle, une vision différente de la modernité. Exposant à la Galerie Mac Beth, Henri, Luks, Glackens, Sloan, Shinn, Lawson, Davies et Pendergast choquent par leur refus de se plier aux modèles européens. Ces membres de l’«Ash Can School» (Ecole de la poubelle) contribuent à l’émergence d’un nouveau regard sur la ville et le monde urbain. Les photographies de Jacob Riis sur les conditions de vie dans les taudis sont assez représentatives de cette rupture avec une esthétique académique et convenue. La Seconde Guerre Mondiale ouvre un autre horizon à l’art américain, celui de l’abstraction. Du 3 mai 1943 date la lettre ouverte dans le New York Times signée Adolph Gottlieb, Mark Rothko et Barnett Newman qui définit les principes de cette nouvelle voie pour laquelle, «Il n'existe pas de bonne peinture sur rien».
Cette exposition présente la diversité des styles et des techniques, en accordant toutefois un intérêt particulier au rôle de la photographie. City of Ambition de Stieglitz illustre la modernité tandis que Suspend Power de Charles Sheeler élève la machine au rang de chef-d’œuvre. Un demi-siècle de production artistique qui fait revivre cette quête de liberté face à l’Europe et nous introduit progressivement vers l’Amérique des années 1950. Matisse l’avait prédit en 1933 : « Vous comprendrez quand vous verrez l’Amérique qu’un jour ils auront des peintres ».
| Stéphanie Magalhaes 10.10.2001 |
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