Bonnard et Matisse à l'école du classique

Après le triomphe de la touche, de la sensation, symbolisé par l'âge impressionniste, les artistes du début du 20e siècle recherchent, par contre-pied, à construire un art plus stable, plus architecturé. Pour Matisse, pour Picasso ou pour Derain, le classicisme redevient une référence fondamentale. L’exposition décline les thèmes prépondérants chez ces artistes : le portrait, le paysage, l'objet. Pour les dépeindre, voici que la ligne, la forme, le poids redeviennent des préoccupations essentielles. Les 70 œuvres présentées, peintures, sculptures et dessins proviennent de plus de trente musées et collections particulières du monde entier : France, États-Unis, Russie, Grande Bretagne et Allemagne.

C’est dans l’idéal classique que Cézanne retrouve les bases d’une conception formaliste de la peinture, de laquelle dérivera le cubisme. « Faire un art comme celui des musées » : par cette phrase symptomatique, le père de l’art moderne définit un nouveau langage artistique. Il est inspiré des Anciens, mais des Anciens passés au filtre des peintres italiens et espagnols de la Renaissance. Sa série des Baigneurs illustre particulièrement cette conscience d’un héritage artistique incontournable à fondre avec le propre style personnel. On y retrouve dans le mouvement des personnages un reflet de l'étude du Discobole de Myron.

Le nu et la figure humaine deviennent les principaux centres d’intérêt : Le Grand nu de 1907 par Renoir fait revivre l’art d’Ingres, Delacroix et de Titien. Dans son Nu bleu de 1900, Matisse trouve son inspiration auprès de Michel-Ange. Les années 1930 marquent pour Picasso le retour au classicisme pur : dans la forme, Femmes au bord de la mer, et dans les thèmes, Composition au Minotaure. Il en va de même pour Bonnard, avec Le Déjeuner par exemple ou pour Morandi et ses natures mortes épurées, essentielles.