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Patrimoine

EDF a la mémoire en plaques

La découverte, le mois passé, de 7000 plaques photographiques jette une lumière nouvelle sur un demi-siècle de vie industrielle.


Ouvrier témoin devant chaudière
en coupe, 1919 © Ouest Lumière /
Fondation EDF
PARIS. L'archéologie industrielle est à la mode. On en prendra pour preuve le fait qu'elle a fourni le thème des dernières journées du patrimoine, en septembre 2003. Mais comment préserver des «marqueurs» lorsque les impératifs de la modernisation imposent la démolition d'usines, parfois gigantesques ? Le rôle de gardiens de la mémoire est souvent dévolu à des particuliers passionnés. C'est le cas de l'artiste plasticien Yann Toma. Des liens privilégiés noués depuis une dizaine d'années avec EDF lui ont permis d'intervenir sur des sites industriels. Il a notamment créé des performances dans le cadre d'une «fiction industrielle» très élaborée, qui lui a fait racheter la marque Ouest-Lumière - une entreprise antérieure à la nationalisation de 1946 qu'il fait revivre par des actions artistiques et dont il est «président nommé à vie». Lors d'une récente visite à l'usine de production et de distribution d'électricité de Gennevilliers, qui sera prochainement démolie, il est tombé, avec le vice-président d'Ouest-Lumière, l'architecte Olivier Namias, sur un véritable trésor photographique : 7000 plaques de verre, produites entre 1900 et 1930, documentant tous les aspects de la vie de l'entreprise. Une démarche systématique qui rappelle un peu l'aventure contemporaine des Archives de la planète, par laquelle le mécène Albert Kahn voulait fixer pour toujours, à base d'autochromes, une réalité condamnée à s'effacer.


Usine d'électricité de Gennevilliers
© Ouest Lumière / Fondation EDF
Turbines et tubes
La découverte a eu lieu le 10 février dernier, dans un bâtiment annexe récemment désamianté, dans un réduit souterrain, derrière un empilement de chaises et d'anciens panneaux de bois. Les plaques, en excellent état, témoignent de tous les aspects de la vie de l'entreprise. On y voit la mise en place de la structure métallique, l'arrivée des turbines par la Seine, le montage des salles de contrôle. Mais aussi des portraits de dirigeants, des scènes sociales comme cet épisode de visite médicale ou de curieuses natures mortes, notamment une composition abstraite de tubes de caoutchouc à différents degrés d'usure. Les plaques, actuellement en cours de numérisation, feront l'objet d'un film : Anatomie de l'usine, produit par Ouest-Lumière, sera présenté en mai à l'Espace Electra, dans le cadre d'une exposition sur le patrimoine industriel d'EDF.


 Rafael Pic
22.03.2004