Les Liechtenstein reviennent à VienneAprès avoir quitté la capitale autrichienne en 1938, la collection des princes Liechtenstein retrouve son palais entièrement rénové.
| Antoine Van Dyck, Portrait
de Maria de Taxis,
vers 1630, huile sur toile |
VIENNE. La capitale autrichienne étoffe décidément son offre culturelle. Après l'ambitieux Museumsquartier, il y a deux ans, et avant le Musée Sissi, qui va probablement devenir dans quelques mois un favori du grand public, c'est le Musée Liechtenstein qui ouvre ses portes le 29 mars. Cette collection remarquable de plus de 1500 tableaux, propriété des princes du même nom, a été présentée à Vienne de 1807 jusqu'à l'Anschluss de 1938. Puis elle a déménagé durant la guerre vers la principauté du Liechtenstein, connue pour son régime fiscal attractif et ses champions de ski. Conserver tant de merveilles à Vaduz ? La décision a été prise il y a quelques années de faire retour dans le celèbre palais-jardin de Rossau, dans le IXe arrondissement de Vienne, après une restauration qui a duré trois ans et coûté quelque 25 millions d'euros.
| Johann Michael Rottmayr, L'entrée
d'Andromède dans l'Olympe,
fresque de l'appartement des Dames,
1705-1708. |
Des fresques d'Andrea Pozzo
La restauration du bâtiment s'est accompagnée de l'ouverture de nouvelles salles au public comme la bibliothèque ou les salons de l'appartement des dames avec leurs peintures murales de Rottmayr. Quant à l'imposant salon d'Hercule,de 600 mètres carrés, décoré par un maître du trompe-l'œil, le père jésuite Andrea Pozzo, il servira de salle de concert. Environ 15% des collections de la famille sont exposées à Vienne, le reste demeurant à Vaduz. Dès l'an prochain, le musée lancera aussi un programme d'expositions thématiques. La première sera consacrée à partir de mars 2005 à l'architecte Giovanni Giuliani (1663-1744), peu connu chez nous mais qui fut un des grands interprètes du baroque en Autriche.
Raphaël, Rembrandt, Vigée-Lebrun
On ne verra certes pas à Vienne tout ce qui a pu être acheté au cours des siècles - un certain nombre de pièces ont été revendues - mais la fièvre d'acquistions qui saisit Karl Ier de Liechtenstein (1569-1627), alors intendant général de l'empereur Rodolphe II, a été bien entretenue par ses descendants. De l'époque de ce pionnier sont notamment conservés des bronzes d'Adriaen de Vries comme ce Christ de douleur de 1607. S'y ajoutent des œuvres de la Renaissance, par Mantegna (Marsyas), Raphaël ou Jules Romain. Puis des Bruegel l'Ancien, Rubens (Vénus au miroir), Frans Hals (Portrait d'un homme âgé), Van Dyck (Portrait de Maria de Taxis), Rembrandt, une veduta de Bernardo Bellotto ou une composition de Vigée-Lebrun (Ariane à Naxos). L'ensemble constitue une des grandes collections privées du Vieux Continent. Et la liste n'est pas close puisque l'actuel prince, Hans Adam II, continue l'ouvrage : il a récemment acquis des toiles de Waldmüller ou du romantique italien Francesco Hayez (La Vengeance).
| Pierre de Sélène 29.03.2004 |
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