L'amant de Shakespeare en tout petitDans sa vente de miniatures, Bonhams présente deux pièces de choix : le comte de Southampton, dédicataire présumé des Sonnets de Shakespeare, et Gaston d'Orléans en déshabillé.
| Nicholas Hilliard (1546-1618),
Henry Wriothesley, 3e comte
de Southampton,
aquarelle sur vélin, dim. : 5 cm.
Estimation : 70000 à 90000 £ |
LONDRES. Le marché de la miniature, très spécialisé, a depuis quelques années un rendez-vous fixe sur l'agenda : la vente printanière de Bonhams. Le cru 2004 s'annonce particulièrement bon. Il s'agit d'une unique collection, dont le possesseur n'a pas voulu se dévoiler, qui pourrait rapporter plus d'un million de livres. L'estimation la plus haute est de 70 000 £. Elle porte sur un portrait de Henry Wriothesley, 3e comte de Southampton (1574-1624), qui fut un appui influent de Shakespeare et, selon certains, son amant et l'inspirateur des célébrissimes sonnet (dédiés à un mystérieux W. H.). En échange, le comte de Southampton lui aurait fait don de cette miniature. La personnalité des protagonistes n'est pas le seul point fort de cette pièce. Elle est aussi dessinée d'une main inégalable, celle de Nicholas Hilliard (1547-1619), le plus grand spécialiste du genre. Tous ces éléments réunis font paraître timide l'évaluation retenue.
| Alexander Cooper (1605-1660),
Gaston d'Orléans (1608-1660),
aquarelle sur vélin, dim. : 5 cm.
Estimation : 20 000 à 30 000 £ |
C'est Gaston au caleçon
«Les miniatures n'étaient conçues que pour être vues par trois personnes : le peintre, le donateur et le dédicataire» explique Emma Rutherford, spécialiste du sujet chez Bonhams. Ce que l'on conçoit aisément en observant Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII, dans une composition d'Alexandre Cooper (1609-1660). Avec son poitrail découvert, le royal personnage fait de ce petit ovale, probablement adressé à l'une de ses amantes, une invite explicite (20 000 £). Au total, ce sont 175 portraits qui vont être présentés au public. Et pas uniquement de peintres anglais. On y trouvera aussi Isabey, l'un des grands interprètes français du genre, et Ignazio Pio Vittoriano Campana. Détrônée par la photographie format «carte de visite», la miniature lance ses derniers feux au XIXe siècle. Le portrait du préraphaélite William Hunt, peint par son collègue Edward Hughes après 1910, est comme le testament d'un genre qui s'éteint.
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