Royère éclaire à la Liane

PARIS. Jean Royère (1902-1981) fait partie des incontournables du design français de la seconde moitié du XXe siècle même si sa réputation était déjà acquise lors de la fameuse Exposition internationale des arts décoratifs de 1937. Au croisement de plusieurs cultures - son père est breton, sa mère autrichienne et il étudie quelque temps à Cambridge - il saura donner un tour cosmopolite à sa carrière. L'origine du luminaire qui est la pièce forte de la vente de design d'Artcurial est à cet égard significative : il provient d'une collection privée du Caire. Décorateur des familles royales et de l'aristocratie du Proche-Orient, Jean Royère a travaillé en Egypte, au Liban, en Iran, au Maghreb. Dans plusieurs de ces pays, il a eu des bureaux ou des galeries au cours des années cinquante.

Record à battre : 380 000 $
«Ce luminaire en métal laqué noir est l'un des plus emblématiques de la production de Royère, explique Fabien Naudan, l'expert. C'est aussi un des plus grands qui soient jamais passés en vente. Son envergure est de plus de cinq mètres. Son état est bon. Seuls les abat-jour ne sont pas d'origine.» Cela justifie-t-il l'estimation de 150 000 euros ? «Une Liane de Royère a récemment été adjugée chez Sotheby's à New York pour 380 000 $. Il ne s'agissait pas d'un luminaire mais d'un lampadaire, ce qui lui donnait évidemment plus de volume, plus de présence. Mais cela montre que les collectionneurs sont prêts à débourser des sommes importantes pour ce type de mobilier.» En France, les collectionneurs sont moins riches et les institutions spécialisées ne sont pas en mesure de renchérir à ce niveau. On peut donc s'attendre à une féroce bataille de marchands…