Le MoMA dégriffe ses collections

NEW YORK. Le Louvre pourrait-il choisir quelques pièces de choix «en double» ou dormant en réserve pour les proposer aux enchères ? Certainement pas. Ce qui, par statut, lui est formellement interdit ne l'est pas aux grands musées américains, qui ne se privent pas de ce moyen faire évoluer leurs collections. Ainsi le Museum of Modern Art a-t-il proposé-t-il chez Christie's onze chefs-d'œuvre de l'art moderne dont plusieurs Degas et un De Chirico, Il Grande Metafisico, peint en 1917. Si le MoMA, qui possède déjà douze tableaux du maître italien, s'en est défait, ce n'est pas pour éponger un quelconque déficit mais pour se constituer un trésor de guerre en vue d'une acquisition spectaculaire, qui deviendrait la pièce de choix à l'ouverture du nouveau bâtiment, en novembre 2004.

Lempicka au plus haut
Comme son nom l'indique, la toile de Chirico est peut-être la plus emblématique du mouvement métaphysique. Elle a légèrement dépassé l'estimation basse de 7 millions $, établissant à 7,15 millions $ un nouveau record pour l'artiste. Avant d'être donnée au musée par l'un de ses architectes, Philip Goodwin, elle avait appartenu à l'un des plus grands collectionneurs de l'histoire, le docteur Barnes. Au cours de cette vente, qui ne proposait pas que des trésors du MoMA, deux autres artistes ont battu leur meilleur score : Odilon Redon avec Vase au guerrier japonais, provenant de la collection Doris Duke, 3,8 millions $, et Tamara de Lempicka, l'artiste Art déco par excellence que la Royal Academy de Londres s'apprête à célébrer : 4,6 millions $ pour le Portrait de Madame Bush (1929). Le MoMA, qui a recueilli 12,2 millions $ en une soirée, s'apprête à grossir son pécule avec une session consacrée à l'art contemporain le 11 mai prochain.