L'Opéra retrouve son foyerQuelques mois après les façades, c'est au tour du grand foyer du Palais-Garnier d'être rendu à son état d'origine.
| Grand foyer du Palais-Garnier.
Photo : Jean-Pierre Delagarde. |
PARIS. A la question désormais rituelle de savoir si des sponsors ont contribué à la restauration, le directeur de l'Opéra de Paris, Hugues Gall, répond en forme de demi-boutade : «Nous étions en négociations avancées avec un partenaire mais Versailles nous l'a pris…». Il s'agit de Vinci, la multinationale des travaux publics. La facture de 5,8 millions d'euros a donc été entièrement prise en charge par l'Etat, qui s'y était engagé. Le grand foyer n'est pas une salle quelconque : c'est, selon les mots de l'architecte Charles Garnier, qui gagna le concours de l'Opéra en 1861, la «nef» de cette «cathédrale de l'art». Alain-Charles Perrot, l'architecte en chef des monuments historiques qui a dirigé les travaux, rappelle qu'il s'agit de la dernière grande galerie à la française. Elle a pour illustres devancières la galerie d'Apollon au Louvre ou la galerie des glaces de Versailles, celle-là même qui est actuellement restaurée grâce au mécénat de Vinci.
| Grand foyer du Palais-Garnier,
détail des toiles de Paul Baudry.
Photo : Jean-Pierre Delagarde. |
Des dorures qui font de l'effet
Le chantier, qui a duré dix-huit mois et a employé simultanément jusqu'à soixante restaurateurs, a porté sur l'ensemble du décor. Les toiles de Paul Baudry, qui couvrent un espace de 400 m2, ont été débarrassées des vernis appliqués dans les années 1930. Les statues ont été restaurées par les ateliers de la Socra à Périgueux, les lustres ont été démontés dans le Luberon, révisés et complétés des fausses bougies et verrines manquantes. Les motifs en cuir de Cordoue ont perdu leur teinte chocolat, qui était une adjonction postérieure infidèle. Marbres, stucs et dorures ont été décrassés. La «dorure à l'effet», choisie par Garnier pour des raisons d'économie, pourra ainsi recouvrer toute son efficacité : largement utilisée à la Renaissance, elle consiste à ne dorer que les parties appelées «à recevoir les reflets et les brillants de la lumière». L'effort de restitution a aussi porté sur le mobilier. La maison Prelle, qui a retrouvé des commandes de 1874, a fourni les mêmes tentures de lin et soie, montées à l'italienne, qui avaient été déposées dans l'entre-deux-guerres. Il ne reste plus qu'à réinstaller les bars pour pouvoir savourer ce lieu scintillant au moment idéal : à l'entracte.
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