Koolhaas réinvente la bibliothèqueLa nouvelle bibliothèque de Seattle, dessinée par Rem Koolhaas, s'est attiré un chœur de louanges quasiment unanime. Avec raison ?
| Rem Koolhaas, Bibliothèque de Seattle
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SEATTLE. Ces temps-ci, il ne fait pas bon critiquer Rem Koolhaas, trouver ses créations trop «gadget» ou ses formes trop insensées. La nouvelle bibliothèque qu'il vient de livrer à la ville de Seattle, au bout de la côte ouest américaine, n'a pour ainsi dire pas trouvé son détracteur. Personne qui ose la décrire, par exemple, comme une bitte d'amarrage grillagée ou comme une tribune de stade perdue près de la Quatrième Avenue. Harry Muschamp, le critique du New York Times, plutôt connu pour avoir la dent dure et pour ne pas cacher ses sentiments, dit simplement qu'il s'agit du bâtiment le plus extraordinaire qu'il ait eu à analyser en trente ans de carrière. Le Seattle Post, l'organe local, n'est guère moins enthousiaste. «Fun on a grand scale» : ainsi y décrit-on l'objet. Même le New Yorker y va de son apologie, qualifiant la bibliothèque de «plus importante de sa génération».
La spirale du savoir
Autant de bons points ? Il doit y avoir une justification objective. C'est que Koolhaas, tout en restant un bon iconoclaste, a su satisfaire tout le monde. Les esthètes se réjouissent des formes audacieuses qui font naître un nouveau repère emblématique et les tenants du développement durable du choix de matériaux recyclés (les parquets en chutes de bois). Les pédagogues applaudissent l'attention apportée aux enfants qui disposent de leur propre espace, très «flashy», en rose, bleu et jaune. Si l'on veut une preuve supplémentaire du goût de Koolhaas pour les couleurs, il suffira de voir la maquette de l'aménagement qu'il propose pour les Halles parisiennes. Mais l'apport le plus original de Koolhaas et de son associé Joshua Ramus (qui est de Seattle) concerne tout simplement le problème de l'archivage. Plutôt que d'aligner des étages d'étagères, le choix a été fait d'un ruban continu de livres qui parcourt le cœur de l'édifice, en montant en spirale. Et rien de caché : les rayonnages peuvent être approchés, étudiés. On est à mille lieux de la bibliothèque mandarinale, où l'accès au savoir se fait par un guichet fermé, avec de vastes dépôts fermés à double tour. Reste, bien sûr, à formuler, les précautions nécessaires, c'est-à-dire attendre que cette conception révolutionnaire fasse ses preuves dans l'utilisation quotidienne.
| Pierre de Sélène 28.05.2004 |
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