Excès d'ambition pour PhotoEspaña ?La manifestation, qui était à sa naissance strictement consacrée à la photographie, tente d'élargir son registre. Un pari risqué.
| Roy Andersson, Songs From
The Second Floor
Courtesy : The Coproduction Office,
Paris © Roy Andersson and Philippe Bober |
MADRID. Les chiffres d'abord : cinquante et une expositions dont vingt-huit dans la section officielle ; plus de cent soixante-dix photographes présentés et des visiteurs qui devraient dépasser le demi-million. PhotoEspaña, à sa septième édition, ne renie pas son caractère de manifestation de masse, que confirme la participation, pour la première fois, du Prado, qui étudie le regard des photographes du XIXe siècle sur ses collections en présentant notamment l'extraordinaire Graphoscope de Jean Laurent. Le nouveau directeur artistique de Photo España, Horacio Fernández, professeur à l'université de Cuenca, a choisi un thème souple, «Histoires». Sous cette bannière, il n'est guère difficile de regrouper une bonne partie de la production contemporaine, à l'exception notable de la photographie plasticienne. Dans le choix très riche, on mettra volontiers en avant «Variaciones en España» (Centro Cultural de la Villa), sorte de panorama d'un petit siècle (1900-1980) d'images d'Espagne signées Cartier-Bresson, Eugene W. Smith ou Joan Fontcuberta, ou encore les monographies consacrées à l'anglais Paul Graham (Fundación Teléfonica) et au mexicain Enrique Metinides (Casa de América), le roi du fait divers depuis cinquante ans pour le quotidien La Prensa.
Pas que de la photo
On peut cependant se demander si PhotoEspaña, déjà tentaculaire par nature, ne cherche pas à avoir les yeux plus gros que le ventre. La décentralisation géographique n'est pas une mauvaise chose en soi (cette année, des master classes ont lieu à Aranjuez) mais est-elle souhaitable alors que le programme madrilène est déjà si imposant ? Encore plus problématique est la diversification opérée à partir de cette édition : le cinéma fait son entrée avec courts et longs métrages et spots publicitaires. Et le nouvel intitulé de la manifestation laisse augurer d'autres ambitions puisque PhotoEspaña se veut désormais le Festival international de la photographie et des arts plastiques. Cet élargissement a peut-être un sens à une époque où la création se joue des frontières entre les genres. Mais l'on craint tout de même une dilution, une perte de substance. On jugera sur pièces.
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