Bosschaert l'Ancien, star du printemps

PARIS. Les Temps forts donnent à Drouot-Montaigne, l'annexe «luxe» de la maison de ventes, un air de salon des antiquaires. La plupart des études y présentent le meilleur de leurs vacations de juin à septembre. Si l'on n'y trouve pas de pièces exceptionnelles pouvant franchir la barre fatidique de 5 ou 10 millions d'euros (seule la Nature morte au bouquet de fleurs, d'Ambrosius Bosschaert l'Ancien, chez Piasa le 25 juin, atteint l'estimation du million d'euros), on est en présence d'une sélection qui séduit par son éclectisme, ce qui est à tout faire, le véritable point fort de Drouot. Y voisinent une Vue du Grand Canal de Guardi provenant de la collection Doucet (même vente Piasa, 300 000 euros), un pastel d'Odilon Redon portraiturant sa femme (400 000 euros, collection Mira Jacob chez Bailly-Pommery, fin septembre), une table à transformation attribuée à Delorme (150 000 euros, Binoche, 2 juillet) ou, beaucoup moins cher, une colonne éclairante de Serge Mouille (20 000 euros, Cornette-de-Saint-Cyr, 21 juin).

Un Pissarro des tropiques
On trouve des lots fort originaux des grands impressionnistes, comme ce carnet de croquis de Pissarro, exécuté au Venezuela, son pays natal, en 1854 : 56 feuillets présentant des scènes typiques, des animaux, des paysages. ll est estimé 120 000 euros (Piasa, 18 juin) mais personne ne se scandaliserait d'un résultat largement supérieur. Mêmes conclusions pour cet ensemble de cinq photographies d'Edgar Degas, consacrées à des membres de la famille d'Henry Lerolle, ami de Degas mais aussi de Manet et des Rouart, comme on a pu le vérifier récemment dans la jolie exposition du Musée de la vie romantique. Les prix sont évidemment bien plus abordables que pour une huile ou un bronze de Degas : ils s'échelonnent entre 8 000 et 25 000 euros (Beaussant-Lefèvre, 2 juillet). Drouot ne semble pas avoir l'intention de se lancer dans la course effrénée aux records du monde. Tant pis pour les gazettes, tant mieux pour les collectionneurs…