| Dubois-Drahonet, Le Duc de
Bordeaux et sa sœur à Bagatelle,
un cerceau à la main,
30 x 24 cm, collection
particulière © RMN |
Les jouets des petits princesÉduquer et distraire les enfants royaux, de l’Ancien Régime au Second Empire : une exposition à la Malmaison fait le point sur l'évolution des principes pédagogiques.
À la fin du 18e siècle, le regard porté sur l’enfant et son éducation change. À la cour, le sort des princes et princesses s’en ressent. Ils ne sont plus livrés à eux-même, habillés en adultes miniatures, à devoir suivre les activités de leurs parents. Selon le précepte de Rousseau, « la nature veut que les enfants soient enfants avant que d’être hommes » et les petits, entourés de nourrices puis de gouvernantes, de précepteurs et de maîtres, font l’objet de toutes les attentions. Lorsqu’ils ne sont pas à l’étude, ils se livrent à des exercices physiques et jouent avec leurs frères et sœurs ou avec des compagnons choisis dans leur entourage.
À la Malmaison, dans le château où Joséphine aimait à combler ses petits-enfants avec un théâtre de marionnettes ou des lanternes magiques, 150 jouets et documents exposés nous plongent dans l’univers éducatif de ces enfants princiers, du Dauphin, futur Louis XVII, à « Loulou », fils de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie. On y trouve, bien sûr, de vrais jouets. Soldats, petits chevaux, poupées, puzzles, polichinelles, livres de contes, jeux de quilles ou de patience étaient offerts à l’occasion des étrennes, des anniversaires ou des fêtes.
Mais ces enfants sont élevés dans la perspective d’une accession au trône ou d’une vie à la cour. Des jouets de prestige sont offerts par des courtisans qui souhaitent gagner la bonne grâce du roi ou de l’empereur. C’est le cas du petit canon et de son attelage en or, ivoire et ébène donnés au roi de Rome juste avant son départ en exil à Schönbrunn. De leur côté, les pédagogues conçoivent des jouets éducatifs destinés à rendre l’enseignement plus attrayant. À la manière de l’herbier composé par Rousseau pour initier la petite Marguerite-Madeleine Delessert à la botanique, les princes apprennent leur métier avec modèles réduits. Des maquettes comme celles commandées par la comtesse de Genlis pour le futur Louis-Philippe pour découvrir les techniques de la fonte des balles de plomb, des petites épées ou des panoplies militaires pour savoir commander les hommes et les armées... Pas étonnant que Louis-Philippe devenu adulte ait dit à Victor Hugo de sa célèbre préceptrice, « J’étais un garçon faible, paresseux et poltron ; j’avais peur des souris. Elle fit de moi un homme assez hardi et qui a du cœur ».
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