Paris, capitale de l'Amérique latineLe 10 juin, Christie's tient sa vente d'art latino-américain à Paris plutôt qu'à New York : une opportunité à saisir pour le marché français.
| Diego Rivera, Madre y niño, 1934
Détrempe sur masonite
Est. : 570 000 - 730 000 € |
PARIS. Depuis la réforme des commissaires-priseurs et l'ouverture du marché français en l'an 2000, Paris a confirmé ou renforcé sa position dans certains compartiments : l'Art déco, la bibliophilie, la photographie. L'art d'Amérique latine peut-il devenir une nouvelle spécialité française ? La maison Christie's, propriété de l'homme d'affaires François Pinault, semble en être convaincue. Pour la première fois en deux décennies, sa traditionnelle vente annuelle se tiendra hors de New York : c'est dans la salle de l'avenue Matignon que François Curiel tiendra le marteau. En réalité, ce sont aussi les contingences du calendrier, très chargé à Manhattan, qui ont poussé à trouver une nouvelle adresse pour adjuger Rivera et consorts. Et Paris, lieu de passage obligé des avant-garde mexicaines et sud-américaines, était un choix obligé. Le précité Diego Rivera y a travaillé, Francisco Torres-Garcia aussi. Le chilien Matta, venu en 1932 pour rencontrer André Breton et les surréalistes, n'a guère quitté la capitale française que pour passer ses derniers jours en Italie. Le cubain Wilfredo Lam, arrivé à la veille de la guerre, a été révélé par le galeriste Pierre Loeb en 1939. Le lien, amorcé avec la mission française qui avait fondé l'école des beaux-arts de Rio de Janeiro au début du XIXe siècle avec Jean-Baptiste Debret, a perduré jusqu'à nos jours : Botero a fait de Paris l'une de ses bases.
| Emiliano Di Cavalcanti,
Mulheres Protestando, 1941
Huile sur toile
Est.: 145 000 - 180 000 € |
Egaler Claudio Bravo
On retrouvera la plupart de ces artistes à la vacation du 10 juin. L'estimation la plus haute concerne Madre y niño de Diego Rivera, de 1934, qui devrait dépasser le demi-million d'euros. Une huile peinte en 1962 par Matta, Espacio de la especie, est évaluée à 160 000 euros. Mais Christie's, qui a signé la plus forte enchère latino-américaine de l'an dernier avec cet artiste (1,68 million de dollars pour Endless Nudes en mai 2003), en attend secrètement beaucoup plus. Un dodu Maréchal de camp (huile sur toile) de Botero sera observé avec attention à l'heure où la clientèle du Colombien semble de plus en plus privilégier ses sculptures. En termes purement comptables, Christie's à Paris fera-t-elle aussi bien que Sotheby's à New York ? Les 26 et 27 mai, cette dernière a vendu pour 10 millions de dollars d'art latino-américain avec, en vedette, le réaliste chilien Claudio Bravo, qui a dépassé le million de dollars pour un White Package de 1967.
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