La semaine des quatre muséesLa fin du printemps voit une riche actualité muséographique en France avec l'ouverture simultanée de quatre établissements, de Paris à Angers, en passant par la Moselle.
| Le logis Barrault, Crédits photo :
Musées d'Angers - Pierre David |
En l'espace de trois jours, le stock muséographique de l'Hexagone s'accroît de quatre unités : la performance mérite d'être signalée d'autant qu'elle est équitablement distribuée entre Paris et la province. L'ouverture la plus attendue est peut-être celle du Musée d'Angers. Il s'agit là en réalité d'une réouverture : cinq ans de travaux ont permis de restaurer entièrement le Logis Barrault, un vénérable hôtel particulier et de doubler sa surface d'exposition (qui passe de 3 000 à 7 000 m2). Les travaux, menés par l'architecte Antoine Stinco sur un projet du conservateur en chef des musées, Patrick Le Nouëne, ont coûté 33 millions d'euros. Ils ont permis de créer de véritables lieux d'accueil du public avec, en particulier, un auditorium et de développer la salle d'exposition temporaire (550 m2), étrennée avec une rétrospective Niki de Saint Phalle. Dans l'est de la France, à Marsal en Moselle, le Musée du sel affiche de nouvelles ambitions en passant d'une gestion communale et associative à une statut départemental. «Nous avons effectué une mise aux normes et une sécurisation, explique Gabriel Diss, conservateur en chef de cet établissement et du Musée Georges de La Tour à Vic-sur-Seille, et allons maintenant travailler au projet muséographique. Grâce au jeu des synergies entre les deux espaces, la fréquentation, actuellement de 15 000 personnes, devrait pouvoir égaler celle du Musée Georges de La Tour, qui est de 26 000 personnes.» Une convention signée avec l'Etat attribue au Musée de Marsal la conservation des trouvailles de fouilles sur le site, l'un des plus importantes zones archéologiques de ce type en Europe.
| Musée des beaux-arts d'Angers
Photo Pierre David |
Bijoux Art nouveau et boule de Moulins
A Paris, la semaine a commencé avec la nouvelle galerie des bijoux du Musée des arts décoratifs. Ce parcours de 1200 objets, qui va du Moyen Age jusqu'à l'époque contemporaine, a été financé par un mécène privé, Rolex. Cette collection a bénéficié de nombreux dons d'objets, provenant des grandes maisons comme Cartier ou Chaumet et de particuliers. Le verre, décliné en parois d'exposition et en une passerelle, a été le matériau de référence de l'architecte Roberto Ostinelli. L'Art nouveau constitue un des points forts de l'ensemble avec des créations de Lalique, Gaillard et de Vever. L'interminable saga de la réouverture des Musée des arts décoratifs - dont la lenteur s'explique par le recours exclusif aux fonds privés - semble avoir franchi un cap important. Sur la Rive gauche, c'est un Musée des lettres et manuscrits qui a été inauguré le 17 juin, dans les locaux de l'ancienne galerie de Nesle. De statut privé, il réunit sur trois étages des lettres des présidents américains, d'importants manuscrits d'Einstein sur la relativité, des missives de Catherine II, de Condorcet ou de George Sand. La lettre circonstanciée avec laquelle Saint-Exupéry s'excuse auprès du directeur de la revue Historia de ne pas lui fournir de témoignage sur Mermoz est exemplaire : elle montre que l'écrit était une chose sérieuse et que même les gens très occupés savaient consacrer le temps nécessaire à bien la pratiquer. Rien à voir avec nos email rapidement rédigés et si souvent fautifs. La boule de Moulins, que l'on laissait porter par le courant de la Seine pour tromper la vigilance des assiégeants allemands en 1870, montre l'extraordinaire inventivité des hommes pour communiquer dans les situations les plus hostiles…
| Pierre de Sélène 18.06.2004 |
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