© Photo: Ph.Fosada © SER 1992 | Sel et embruns sur les musées normandsDu Mont-Saint-Michel à Dieppe, les musées du littoral font de la mer leur inépuisable sujet d'étude.Nul besoin d’être anthropologue pour savoir à quel point une culture est ancrée dans son milieu naturel... La moindre carte géographique permet d’imaginer le poids de la Manche dans l’histoire et la vie normandes, mais à parcourir les musées du littoral, cette omniprésence devient plus évidente encore. L’histoire régionale est bien sûr profondément marquée par cette situation. De la conquête des Vikings au débarquement de juin 1944, elle s’est écrite au gré des batailles maritimes et côtières. Si le musée de Normandie à Caen nous en présente un précieux raccourci, des premiers sites archéologiques à l’époque moderne, d’autres établissements font plus particulièrement revivre certains de ses épisodes célèbres. L’abbaye du Mont Saint Michel rappelle qu’au temps de la Guerre de Cent Ans, le monastère fut la seule place forte normande à échapper aux Anglais. Au musée maritime de l’île de Tatihou au large de Saint Vaast-la-Houghe, le mobilier des fouilles sous-marines menées sur les épaves de l’amiral de Tourville transporte au cœur de la bataille de Barfleur qui opposa la France à la coalition anglo-hollandaise en 1696. Quant au Mémorial de Caen et à sa présentation interactive de la France des années 1918-1944, il reconstitue la bataille qui vaut aujourd’hui encore une réputation internationale à la Normandie...
Mais la mer n’apporte pas que des envahisseurs ou des sauveurs à la Normandie... Au jour le jour, elle est pour les hommes un formidable espace économique. Parmi les nombreux musées consacrés à la pêche et aux activités maritimes, le musée des Terre-Neuvas de la Pêche de Fécamp mérite d’être signalé. S’il tient son nom des marins partis pour de longues pêches à la morue dans les eaux glaciales de Terre-Neuve, il restitue aussi la vie remuante des ports avec leurs chantiers de construction navale, leurs ateliers de conditionnement des poissons, leurs commerces... Mais mer ne rime pas qu'avec pêche... Le château-musée de Dieppe témoigne au contraire de l’importance du commerce maritime normand. Sa riche collection d’ivoires fabriqués à Dieppe rappelle qu’au 17e et au 18e siècle, d’importants arrivages africains ou asiatiques d’ivoires d’éléphant étaient déchargés au port. D’ailleurs, comme on le découvre au musée de la marine de Seine de Caudebec en Caux, ce commerce maritime se développait bien au-delà des côtes, tout au long de l’estuaire de la Seine.
C’est aussi en Normandie que s’écrivent de précieuses pages de l’histoire de l’art des années 1860-1900. Alors que le Second Empire avait lancé la mode des séjours balnéaires et que les médecins recommandaient des bains d’eau de mer aux asthmatiques et aux dépressifs, les plages de la Manche bénéficièrent d’un double avantage : la proximité de Paris et le développement d’un réseau ferroviaire. Honfleur, Trouville, Deauville ou Etretat devinrent des lieux de villégiature appréciés notamment des artistes. En témoignent aujourd’hui les nombreuses collections de marines, de paysages portuaires peints à la fin du siècle dernier, celles du musée du Vieux Granville, du musée des arts et de l’enfance à Fécamp ou du musée Eugène Boudin à Honfleur.
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