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Expositions

Modernisme bon teint à Monaco

Le 38e prix international d'art contemporain a vu l'allemand Max Neumann et l'américain Will Cotton décrocher les principales récompenses.


Will Cotton, Sugar beach, huile sur toile
Prix de la fondation Princesse Grace
MONACO. Les trois jurys de la Fondation Prince de Monaco décernent simultanément chaque année un prix littéraire couronnant un écrivain pour l'ensemble de son œuvre, un prix de composition musicale et un prix international d'art contemporain. Distingué cette fois par le premier d'entre eux, Philippe Beaussant faisait figure de lauréat idéal, en quelque sorte «sur mesure», puisque la peinture, tout autant que la musique, tissent la trame de son œuvre.

Botero fait l'amphitryon
A moins d'être nourri dans le sérail de l'avant-garde musicale, on se sent toujours un peu béotien - encore que forcément admiratif - en écoutant les propos très pointus des compositeurs et des journalistes spécialisés qui engagent avec eux le dialogue au cours des conférences de presse. Mais, du côté de l'art contemporain, les choses sont nettement moins ardues. C'est une modernité bon teint, une avant-garde tempérée, autant dire sans outrances et sans provocations - mais pas pour autant timorée - qui a cours à Monaco. Le jury est ici un bel aréopage de critiques et d'artistes parmi lesquels Adami, Arroyo, Folon et Botero, et l'on se sentait en bonne compagnie tandis que ce dernier faisait à la princesse de Hanovre, qui le préside, les honneurs de l'exposition réunissant quatre-vingt œuvres - trois par artiste sélectionné - venues de dix pays et qui se tiendra jusqu'au 11 juillet dans la salle d'exposition du quai Antoine Ier.


Niko, Enfant nomade présent
Technique mixte
Nymphéas en forme de crèmes renversées
Lauréat du grand prix de S.A.S. le prince Rainier, Max Neumann, un des chefs de file de la peinture allemande actuelle, en impose par ses grands formats à la fois puissants et inquiétants où les têtes humaines sont, c'est bien le cas de le dire, réduites à leur plus simple expression, Neumann les ayant privées d'yeux, de bouche et de nez. Prix de la Fondation princesse Grace, l'américain Will Cotton, natif du Massachusetts mais qui fréquenta les Beaux-Arts de Rouen, présente un travail autrement plus riant : avec, par exemple, un Giverny Flan Pond, hommage très singulier aux Nymphéas de Monet auxquels sont substituées des crèmes renversées, ou son chalet d'alpage en petits-beurre.

Sumo et fer rouillé
Six autres prix de moindre importance sont décernés, donnant quelque notoriété à de nouveaux noms de l'art international. Mais la Principauté étant aussi une démocratie, chacun peut s'amuser à établir son propre palmarès. Parmi les artistes méritant une mention, il y aurait ainsi Sophie Cauvin pour son beau travail sur la matière, un peu Tàpies, un peu Fautrier, Stéphanie le Greille dont le parti pris de peindre des amas de troncs d'arbres ainsi que d'autres éléments naturels inertes ne manque pas de d'originalité, le béninois d'origine Niko qui réalise des sculptures en bois dans le droit fil de l'art africain, la saïgonnaise Hélène Hiribarne dont les lutteurs de sumo sont d'un humour réjouissant, ou encore Dio Braze qui sait donner une seconde vie au fer rouillé : un vélo trouvé dans le canal Saint-Martin ou une portière de voiture récupérée dans une décharge et cadrée à la manière d'un instantané photographique.


 Mirèse Akar
03.07.2004