Cândido Costa Pinto, Pintura, 1945
© FCG/CAMJAP
Fernando de Azevedo, Ocultação (1950-1951)
© FCG/CAMJAP
Mário Cesariny,Soprofigura, 1947
© FCG/CAMJAP
| | Portugal: le surréalisme mis à nu1934-1952 : les années de fer de la dictature salazariste. Le meilleur moyen d'oublier le quotidien ? Suivre les traces d'André Breton...
Le Portugal redécouvre son surréalisme et le célèbre dans une intéressante exposition au Chiado,. Deux dates clés encadrent le thème. 1934 : Antonio Pedro réalise Le crachat embelli, première oeuvre surréaliste au Portugal. 1952 : désagrégation du groupe. Inspiré du surréalisme français, les expressions artistiques et littéraires s’orientent vers une recherche de l’inconscient. Pedro parvient ainsi à donner une représentation picturale d’une théorie du grotesque et du monstrueux. En 1947, un mouvement international redonne force à ce besoin de subvertir les valeurs « pour aller au-delà des choses ». Des valeurs plastiques mais surtout politiques et sociales en opposition au régime dictatorial en place. Deux groupes se forment successivement : le « Groupe Surréaliste de Lisbonne » (1947-1949) et le groupe « Les Surréalistes» (1949-1952). Seuls Vespeira, Azevedo et Lemos perpétueront le mouvement entre 1949 et 1952. Les grands noms de la culture portugaise sont présents, d'Artur do Cruzeiro Seixas à Fernando Alves dos Santos.
A l’image du surréalisme d’André Breton, désir et violence demeurent les principaux moteurs de création dans le domaine plastique, en laissant à chaque artiste sa liberté créatrice. Les premières oeuvres de Vespeira et de Jorge Vieira adoptent un caractère organique, la métamorphose et l’hybridation participent à l’univers graphique de Cruzeiro Seixas, tandis que l’oeuvre de Moniz Pereira met en scène violence et canibalisme. Les collages, photomontages et grattages d'Azevedo, Vespeira et Cesariny transforment le monde réel en constructions utopiques, imaginaires, soumettant les composants de la réalité quotidienne à des confrontations inédites...Toutes ces techniques démystifient la peinture et la littérature. L’exposition propose une vision globale mêlant textes, oeuvres et photographies témoignant de l’évolution du mouvement.
Dans le domaine littéraire, dialogues automatiques, cadavres exquis et compositions collectives mettent un terme à la notion d’auteur unique. Le mouvement surréaliste abolit les frontières entre les différentes formes d’expression, permettant de transgresser librement les limites. Le verbe et l’oeil se rejoignent sur un même support. Retrouver un surréalisme portugais c'est aussi prendre conscience de la mentalité d'une époque, des obstacles politiques surmontés par l'art et des conséquences d'un isolement sur la scène artistique.
| Stéphanie Magalhaes 17.08.2001 |
|