Saâdane Afif, Courant d'air, 2001 © lme Collège/FRAC Champagne-Ardenne, Reims, 2001
| | Saâdane Afif dans le Creux de l’EnferL’artiste investit le centre d’art contemporain, installé dans une ancienne manufacture de coutellerie. Propos recueillis auprès du directeur, Frédéric Bouglé.
Pourquoi cet artiste et comment a-t-il tiré parti de l’espace proposé ?
Frédéric Bouglé. Situé dans un bâtiment désaffecté, le site du Creux de l’Enfer n’est pas un simple local d’exposition. Entouré de montagnes et d’usines, surmonté d’un cimetière, le centre d’art contemporain offre un espace dur et résistant. Tous les artistes ne peuvent pas répondre à ce lieu, Saâdane Afif est parvenu à créer une œuvre en fonction du bâtiment. Son intervention se place dans une optique de réhabilitation du lieu. Tous les espaces sont exploités, le rez-de-chaussée, la façade et des pièces à l’étage. C’est d’ailleurs la première fois que l’artiste travaille dans ce sens de manière à créer à partir de lieux éclatés un espace cohérent.
Présentez-nous l’exposition.
Frédéric Bouglé. La particularité de cet artiste dit «de la nouvelle génération» consiste à intégrer dans son projet des interventions étrangères. Sur la façade extérieure du centre des fresques sur plaques métalliques réalisées par Louis Magnol. Au sous-sol, une mise en scène représente un concert, au fond de la pièce un poster de lune, un mur peint de graffiti par des étudiantes : Lili Reynaud, Flavie Pinatel, Chourouck Hriech, et Pascale Poignot. A l’étage supérieur, une vidéo immerge le visiteur dans l’univers du rêve. Carine Ghelloussi a, par ce travail, dressé un inventaire de toutes les scènes de rêve au cinéma. Cette ambiance particulière est amplifiée par des aboiements de chiens qui participent également à cette idée du lieu en friche. Dans une autre pièce, une maquette en bois, altuglass et polystyrène traverse l’espace jusqu’aux fenêtres.
Comment faut-il lire cette installation ?
Frédéric Bouglé. Il y a différents niveaux de lecture. En premier lieu, la problématique de la raison d’être du modello. Perçue comme une mise en abîme, cette maquette illustre la volonté de l’artiste de comprendre et d’intégrer l’espace d’exposition dans son œuvre. Ainsi l’eau de la Durolle qui coule aux pieds du bâtiment sera détournée pour ressortir par les fenêtres comme une fontaine immense. Il faut ensuite comprendre cette œuvre comme une interrogation sur le lieu et son entité. Toutes ces mises en scène sont apparentes et le visiteur pourra en percevoir les coulisses. Le lieu ainsi transformé par la création de Saâdane Afif mêle drame et grotesque.
| Stéphanie Magalhaes 23.10.2001 |
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