The Sunday Times Magazine, n°1, 02.01.1966, « What the others saw : the year through the eyes of the world’s great magazines »
© Kiosk, Museum Ludwig
Heute, n°1, 1945
© Kiosk, Museum Ludwig
La vie illustrée, Paris, n°228, 27.02.1903, Soldats turcs posant en atelier avec les têtes de leurs victimes
© Kiosk, Museum Ludwig
| | Le photo-reportage, sa vie, sa mort ?La photographie comme outil d'information est-elle définitivement distancée ? Le musée Ludwig, à Cologne, dresse le bilan d'un siècle de bons et loyaux services.
Pour reprendre la formule de Lebeck, « le photo-reportage est une histoire mise en images : parfois un court récit, parfois une nouvelle, parfois un roman ». Mais le célèbre journaliste et collectionneur de magazines illustrés qui a participé à la rédaction du catalogue de l'exposition pourrait aussi bien s’exprimer au passé... Malgré sa vigueur, sa poésie et son caractère persuasif, le photo-reportage a presque disparu, victime de la concurrence de médias plus aptes à restituer les évènements qui font l'actualité. Le musée Ludwig retrace aujourd’hui les grandes étapes de son évolution de 1845 à 1975.
Cette histoire s’est écrite au gré des développements techniques. Elle est bien sûr soumise aux transformations de l’impression. Lorsque les illustrations sont introduites dans les années 1830 pour accroître l’intérêt des lecteurs et faciliter leur compréhension des évènements, la photographie ne peut servir que de modèle pour l'élaboration de gravures dramatisées. Seule l’invention de la phototypie par Meisenbach permet vers 1885 la reproduction de photographies. Mais l’histoire du photo-journalisme est aussi marquée par les progrès de la photographie, le temps de pose et de traitement de l’image influant tant sur l’actualité des sujets abordés que sur le type d’images produites. Quelle commune mesure entre ces Turcs victorieux devant les dépouilles de Macédoniens, posant « après coup » en atelier, et la célèbre photographie du soldat tombant sous les tirs prise par Capa pendant la guerre civile espagnole ?
Au-delà de ces aspects techniques, l’exposition invite à s’interroger sur la manière dont sont abordées les informations dans les revues illustrées. Dès les années 1900, les règles de composition du photo-reportage sont établies. Il peut être narratif, chronologique ou thématique ; composé de photographies montées, collées, isolées ou au contraire accumulées. Dès lors, seule la volonté de s’adapter à une concurrence toujours plus massive et de se conformer aux goûts populaires entrent en ligne de compte pour expliquer la part croissante des images par rapport aux textes, l’utilisation de photographies de plus en plus crues et sensationnelles, le recours à de grandes personnalités pour stimuler la vente... À moins bien sûr que photographes et éditeurs n’aient été aux prises avec la volonté de leaders politiques qui comme Hitler ou Staline voyaient dans ce média suggestif et convaincant, un outil idéal de propagande...
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