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Expositions

Voir et entendre les sentiments

Le musée de la Musique met en lumière les équivalences entre la musique et les arts figuratifs au 17e siècle.


Antoine Rivalz, La mort de Cléopâtre
© Musée des Augustins, Toulouse
L’introduction de la musique dans des expositions d’arts plastiques n’est pas chose nouvelle. Parmi les exemples les plus récents, il suffit de signaler les airs américains des années 60 qui résonnent encore pour quelques jours dans Tomi Ungerer et New-York au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg ou les extraits de la Brahmsphantasie, contrepoint de l’exposition Klinger et Brahms au Musée d’Orsay. Il est pourtant plus rare que cette présence dépasse le simple fond sonore d’ambiance et tente une approche réellement transdisciplinaire. C’est le défi que s’est fixé le musée de la Musique avec ses deux expositions explorant les parallèles entre beaux-arts et musique sur deux périodes, l’âge classique avec les Figures de la passion, qui se termine le 20 janvier, et les débuts du romantisme avec L’invention du sentiment qui débutera le 2 avril.


Michel Pignolet de Montéclair,
La Mort de Didon dans Cantates,
premier livre, Paris, après 1709
© Musée de la musique
Le parcours s’articule en trois sections, les passions religieuse (compassion, extase et pénitence ), littéraire (colère, rire, désir) et intime. Pour chacune d’elles, le plaisir des yeux fait écho à celui de l'ouïe. Des écouteurs individuels diffusent en effet des extraits de Lully, Rameau ou Couperin. Laissant à chacun le choix de se contenter d’une simple immersion sonore pour déambuler parmi les peintures de Silène et autres satyres en écoutant des airs à boire d’Estienne Moulinié ou de s’installer dans un cabinet d’écoute pour apprécier pleinement des extraits, dirigés notamment par William Christie, en lisant les fiches explicatives qui leur sont consacrées…

Une difficulté subsiste pourtant. La simple découverte visuelle et auditive suffit-elle à comprendre la tentative de rationalisation et de théorisation des sentiments qui, au cours du Grand Siècle, préoccupe autant Le Brun qui répertorie les manifestations des passions de l’âme que Charpentier qui dresse une typologie des propriétés expressives des différentes tonalités ? D’un art à l’autre, les correspondances ne sont pas littérales et, malheureusement, la grande qualité des extraits musicaux reste sans commune mesure avec les peintures signées Coypel, Mignard ou Vouet, parmi lesquelles Poussin apparaît comme le grand absent.


 Zoé Blumenfeld
07.01.2002