| | Musées français : une grève qui s'éterniseAprès deux semaines de mouvement social, les solutions ne sont toujours pas en vue.
PARIS, 24 oct (AFP) - La grève à la culture est entrée dans sa troisième semaine et rien ne permet de parier sur une date de sortie d'un conflit qui se traduit par la fermeture presque quotidienne des plus grands musées français, notamment le Louvre, Orsay et le Centre Pompidou. La grève a commencé le 8 octobre pour obtenir l'ouverture de négociations sur l'application de la réduction du temps de travail dans les établissements culturels. Celle-ci doit entrer en vigueur le 1er janvier 2002, selon un cadre général fixé par la "circulaire Sapin" et adapté aux personnels de la culture dans une circulaire publiée le 3 août par la ministre de la Culture, Catherine Tasca, dont l'intersyndicale demandait le retrait.
Mercredi matin, au lendemain d'une réunion ministère-syndicats qui avait débouché sur la définition d'un calendrier de négociations et la promesse de "révision approfondie" de la circulaire Tasca, la grève continuait au Louvre, au Centre Pompidou, au musée Rodin, à Guimet, sans compter l'Arc de Triomphe et le Panthéon. Mardi soir, on parlait pourtant au ministère de "reprise du dialogue" et d'"avancée" mais visiblement ces progrès n'ont pas suffi à dénouer la situation. Interrogée mercredi, l'intersyndicale indique qu'elle ne se contente pas du calendrier des négociations et veut davantage de détails sur les bases de négociations. Elle explique surtout que la situation est extrêmement compliquée du fait de la diversité des statuts des divers personnels de la culture.
Pour faire simple, il y a des fonctionnaires et des salariés de droit privé qui n'ont pas les mêmes durées de temps de travail hebdomadaires, ni les mêmes congés annuels, ni les mêmes avantages acquis. Exemple : les personnels de la direction des musées de France (DMF) - les agents en contact avec le public - sont des fonctionnaires. Ils réclament les 35 heures hebdomadaires mais aussi le maintien des avantages acquis en matière de congés (la fameuse "semaine Malraux" notamment). Les personnels de la Réunion des Musées nationaux (RMN) - l'administration centrale des musées, les boutiques, certains musées - relèvent du droit privé. Ils veulent que leur durée de travail hebdomadaire soit ramenée à 32h15 au lieu de 36h15 actuellement. Car depuis 23 ans, ils ont obtenu une réduction du temps de travail de 10% par rapport à l'horaire normal de 39 heures et veulent conserver cet avantage. Ils ont aussi d'autres revendications comme la demi-heure de déjeuner qui jusqu'ici était comptée dans le temps de travail.
Un seul point commun à toutes les catégories, tous les personnels réclament des embauches et la fin des statuts précaires. Le manque de personnel n'est pas une découverte : au Louvre par exemple, même sans grève, un dixième des salles est fermé faute de personnel de surveillance et de sécurité. Face à cette situation, les directeurs du Louvre et du Centre Pompidou ont publié, mercredi, un communiqué commun pour déplorer les conséquences de la grève en termes de pertes de recettes et d'inconvénients pour le public. Ils relèvent que la proportion de personnels déclarés en grève est faible et invitent tout le monde "à prendre en considération les perspectives de règlement du conflit". Au Louvre, on indique que depuis le 8 octobre, la perte de recettes est de l'ordre de 0,76 M EUR (5 MF) et que depuis le début du conflit pour l'ARTT (des grèves ont déjà eu lieu avant l'été sur ce sujet), le musée a connu 18 jours de fermeture totale et 17 jours de fermeture des caisses (accès gratuit).
Chaque partie a donc des arguments de poids, et au ministère on s'organise au cas où le conflit durerait : un numéro d'information sur les ouvertures-fermetures a été mis en place mercredi pour renseigner le public, le 08 25 88 26 50.
par Chantal VALLETTE
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