| Simon Vouet, L'Apothéose de
Saint Eustache, musée des
Beaux-Arts de Nantes
© P. Jean - Ville de Nantes -
Musée des Beaux-Arts |
Guy Tosatto (musée des beaux-arts de Nantes)Le conservateur nous fait redécouvrir une grande figure de l’art français du 17e siècle, Simon Vouet, avec une œuvre de la maturité : L’Apothéose de saint Eustache.
Envoyé par l’État en 1809 après les saisies révolutionnaires, cette œuvre illustre de manière admirable le grand style pictural français sous Louis XIII. Datée approximativement des années 1640, L’Apothéose de saint Eustache est une huile sur toile de grand format : 260 x 233 cm. Cette montée au ciel du saint et de ses proches provient de la partie supérieure du retable de l’église Saint-Eustache, dans le quartier des Halles à Paris, pour laquelle l'artiste avait déjà effectué des décors. La partie inférieure, conservée dans son lieu d’origine met en scène le martyre de saint Eustache. Les panneaux affichent des compositions mouvementées que l'on peut qualifier de baroque français.
Il est intéressant d’examiner la manière dont Simon Vouet crée un espace tournoyant par la posture des corps, le jeu savant des bras, des mains et des regards. Placés sur des nuées, les personnages soutenus par des anges lèvent les yeux vers Dieu le Père, lui-même appuyé sur des angelots dans l’angle supérieur droit du tableau. Les trois couleurs primaires dominent : bleu, rouge et jaune, comme il était de rigueur dans la première moitié du 17e siècle. Une ambiance d’extase enveloppe la scène et plonge le spectateur dans une béatitude religieuse.
Cette œuvre appartient à la période de maturité de Simon Vouet qui correspond aux années 1630-1640 alors qu’il revient d’Italie. Après le titre de prince de l'Académie de Saint-Luc, l'artiste est alors nommé premier peintre de Louis XIII. Si sa renommée lui permet de prendre part à tous les grands chantiers décoratifs, seules ses commandes religieuses ont survécu au temps et aux changements de goût. Un style très personnel caractérise son œuvre même si on peut noter des renvois au classicisme de l’école des Carrache dans son utilisation du dessin et de l’anatomie. Sa maturité se caractérise par des compositions très dynamiques auxquelles succèdera un style plus simple et plus classique.
Actuellement en place dans la grande galerie du 17e siècle, entre Les pèlerins d’Emmaus de Jacques Stella et Le repos de la Sainte Famille de Laurent de La Hyre, l’œuvre de Simon Vouet a participé à la grande monographie de 1990 au Grand Palais. À cette occasion, le retable a été reconstitué pour la première fois. Le musée de Nantes travaille sur une prochaine exposition des dessins du maître en 2002 qui présentera des pièces provenant des fonds allemands de Bavière.
| Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui 06.03.2002 |
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