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Marché

Martin Carlin, Commode Louis XVI,
bronze doré, porcelaine de Sèvres
montée sur parqueterie en tulipier,
vers 1776
Estimation : 3,5 / 4,5 millions $

Mobilier, un vent français souffle sur New York

« Arts of France », c’est le nom choisi par Christie’s pour cette vente qui présente des chefs-d’œuvre de la peinture et des arts décoratifs français.

Les salles de ventes de Christie’s au Rockfeller Plaza dispersent aujourd’hui plus de 400 lots d’art français du 17e au 19e siècles. Ces très belles pièces flirtent avec les grands noms de l’Ancien Régime : le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, avec un buste en bronze sculpté par Girardon et conservé par l’artiste dans sa galerie (400 000 $), ou le comte d’Artois, frère de Louis XVI, avec un coffre sur pieds livré par le marchand mercier Delaroue en 1778 au pavillon de Bagatelle...

De toutes ces œuvres exceptionnelles, nombreuses sont celles qui proviennent des collections de la famille Rothschild. C’est le cas d’une paire de commodes Louis XV / Louis XVI installée dans le château de Reichenau, en Basse-Autriche, à la demande du baron Nathaniael de Rothschild. L’une d’elles, livrée par Gilles Joubert à Marly pour le comte de Provence, figure à la fois au garde-meuble royal et à l’inventaire des Rothschild. Mais la pièce la plus rare de cet ensemble est sans aucun doute une commode Louis XVI estampillée Carlin. Décrite dans l’inventaire du grand salon de Madame de Laborde en 1821 puis dans celui de la collection du baron Alfonse de Rothschild, elle témoigne du goût pour les meubles incrustés de plaques de porcelaine de Sèvres. Elle pourrait atteindre les 4,5 millions de dollars.

Cette évocation de l’art français ne serait pas complète sans des lots d’objets d’art et de peinture. Les vases Dulac, du nom du marchand gantier parfumeur et bijoutier Jean Dulac, figurent parmi les plus intéressants (600 000 $). Ces hauts vases-cloches en porcelaine de Sèvres couleur lapis sont en effet des objets à transformation, leur couvercle faisant office de candélabre en bronze doré. Parmi les tableaux, il faudrait enfin noter la présence de L’évanouissement d’Armide au départ de Renaud de Charles Antoine Coypel, une réduction autographe d’un tableau disparu mais connu par le carton de tapisserie réalisé pour la manufacture des Gobelins et conservé au Louvre ou celle du Passage du gué, un petit paysage pittoresque peint par Boucher à ses débuts.


 Zoé Blumenfeld
26.10.2001