| Gilles Mahé
© Le Quartier- Centre d'art contemporain |
Gilles Mahé en imagesLe centre d’art contemporain de Quimper présente des œuvres de l’artiste disparu en 1999. Entretien avec Jean-Marc Huitorel, commissaire de l’exposition.
Comment qualifieriez-vous l’œuvre de Gilles Mahé ?
Jean-Marc Huitorel. Ce n’est pas la première fois que je travaille avec Gilles Mahé. Il y a un an nous présentions Gilles Mahé joue au golf en pensant à Rudy Ricciotti dans le cadre de l’exposition au parc de Vassivière : La beauté du geste. Né en 1943, Gilles Mahé travaillait depuis quelque temps à un projet d’exposition. Sa disparition à Noël 1999 a mis fin à cette entreprise. Cet artiste est selon moi un maillon essentiel entre l’art des années 70 et celui des années 80, époque où les artistes se réconcilient avec l’immédiateté du réel. Pour résumer son œuvre je dirais que tout est dans le tout et inversement. Son travail à la fois stimulant et complexe prend dans cette exposition une dimension graphique où les images deviennent les véhicules des relations et des échanges.
Parlez-nous un peu de l’exposition.
Jean-Marc Huitorel. Le choix du centre s’est porté sur le rapport de l’artiste avec les images. Dans les quatre salles principales, des installations relevent un double défi, celui de maintenir une idée d’interactivité entre le visiteur et l’œuvre mais aussi d’éviter le phénomène d’« exposition-relique ». Il s’agissait pour nous de maintenir une œuvre vivante en l’absence de l’artiste. Dans la première salle, le visiteur se familiarise avec les scanachromes, impressions aux jets d’encre sur toile déjà exposées dans le café de la FIAC en 1985. Sur les 12 présentées initialement, seulement 4 sont visibles à Quimper. Le tempo de l’exposition est donné par le rythme du défilement des journaux électroniques installés sous ces images de 2m10 x 1m40. Dans une autre pièce, certainement la plus importante, Extra rapide/Vite vraiment, deux murs d’images reconstituent, pour la première fois depuis 1983, le travail de l’artiste sur la duplication d’images couleurs.
Quel est réellement le rôle du spectateur dans ces installations?
Jean-Marc Huitorel. Le visiteur occupe certes une place majeure dans l’œuvre de l’artiste et participe à son interactivité. Dans son NCDGQAD, école de dessins par correspondance ou encore 360 images symboliques, dessins à la plume et à la tempera tiré d’un calendrier antique, l’image entretient un réel échange avec l’artiste par l’intermédiaire de son œuvre. Et l’ordinateur me direz-vous ? Il intervient à un autre degré, celui du moyen. Capital d’essai par exemple, était conçu pour fonctionner sans ordinateur. Le public consultait les 8000 documents rassemblés et classés dans des boîtes, sans avoir la possibilité de scanner les images et d’y laisser des commentaires. L’artiste vit avec son temps et la gestion de cette méta-documentation devenait ainsi plus facile. Courant 2002,la parution d’un ouvrage fera le point sur l’œuvre de cette figure de l’art contemporain encore trop méconnue du grand public.
| Stéphanie Magalhaes 29.10.2001 |
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