| Boris Achour
Un monde qui s'accorde à nos désirs, 2000
Galerie Chez Valentin, Paris |
La jeune scène française s'amuse à QuébecLe musée de Québec confronte création artistique française et québecoise autour d'une même tendance de l'art contemporain, le ludique.
L'adjectif «ludique» est généralement utilisé pour qualifier cet art qui joue du décalage entre une apparente légéreté de la forme et le contenu critique du fond et auquel le musée national d'Art Moderne de Paris a consacré en 1999, avec «Jour de fête», une première exposition d'envergure. La sélection opérée par le musée de Québec reflète assez bien la réalité de cette tendance française, mêlant aux artistes qui bénéficient d'une certaine renommée, tels Fabrice Hybert, Pierrick Sorin ou Marie-Ange Guilleminot, les noms plus méconnus de Boris Achour ou de Loriot et Mélia. L'art ludique se caractérise également, et cette exposition en rend compte, de la pluralité des média employés. Sculpture, dessin, peinture, vidéo, installation sont utilisés avec autant de désinvolture tant par les artistes français que québécois.
Les formes d'expression choisies par ces artistes sont souvent proches de la culture populaire, allusions aux bandes dessinées, au cinéma, à la télévision ou références au monde domestique, dans une veine souvent humoristique. Ils se veulent les acteurs d'un art qui laisse une large part à l'émotion, proche de la vie ; proximité qui n'exclut pas, bien au contraire, le recours à la narration et à la fiction. Le créateur se met en effet, souvent lui-même en scène, des scènes absurdes et dérisoires du quotidien de Pierrick Sorin, à l'insertion dans des programmes télévisés d'un Mathieu Laurette, l'artiste s'expose et devient son propre matériau. Néanmoins si tous deux ont recours à l'humour et à l'auto-dérision, leurs visées sont différentes. Le premier met en scène l'absurde du quotidien et parvient à suggérer une angoisse latente, le second investit non la sphère de l'intime mais celle du spectacle, questionnant la notion d'identité au sein de la société de consommation.
Au travers de cette exposition, le musée de Québec démontre qu'il existe une certaine communauté de pensée entre artistes français et québécois, dont quelques uns partagent une même vision du monde et de sa transposition artistique.
| Raphaëlle Stopin 30.10.2001 |
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