| Etienne Falconet, Erigone et Bacchus
ou la Nymphe à la vigne
Groupe en terre cuite, détail, Sèvres,
Musée national de la Céramique
inv. MNC 8872 © RMN |
Les tendres biscuits de FalconetEtienne-Maurice Falconet regagne Sèvres le temps d'une exposition. Hommage à celui qui dirigea l'atelier de sculpture de la Manufacture.
Sculpteur du siècle des Lumières, auquel Diderot voue une admiration sans failles, Etienne Falconet, exerce sous le règne de Louis XV. A l'instar de Coustou et Pigalle, ses contemporains, il travaille pour Madame de Pompadour et réalise plusieurs œuvres pour son château de Crécy dont les célèbres Flore et Pomone. En 1757, il est nommé directeur de l'atelier de sculpture de la Manufacture royale de porcelaine, dans lequel il importe la technique du biscuit. Inventée par la Manufacture de Vincennes, la technique consiste à cuire en une seule fois une pâte de porcelaine tendre ou dure, non émaillée. Elle désigne, par extension, toute réalisation de porcelaine blanche d'aspect mat.
160 biscuits, terres-cuites et marbres retracent l'œuvre de Falconet à la Manufacture de 1757 à 1766, date de son départ pour la Russie. Des dessins de Boucher, des gravures largement diffusées à l'époque, sont exposées afin de mieux poser le contexte dans lequel le sculpteur évolue. Initiateur de la mode des Enfants, illustrant métiers ou jeux, Falconet offre à la Manufacture de nombreuses commandes issues des cours européennes. Viennent ensuite les groupes de figures, représentant des scènes de genres, pastorales, danseurs, etc. ou des contes. Les femmes se caractérisent par leur physionomie délicate, presque enfantine. Très apprêtées, toujours vêtues de tenues dont le sculpteur n'épargne, malgré la petite taille de ces biscuits, aucun pli, elles sont autant de témoignages des coutumes vestimentaires de l'époque. Elles incarnent, à l'envi, de jeunes bergères, des paysannes, de grandes bourgeoises ou d'illustres figures mythologiques. Les compositions, souvent dynamiques, tentent de mettre en relation les différents protagonistes, le sculpteur use pour cela d'une grande variété de postures et instaure, par le simple jeu des regards, un dialogue entre les personnages. Les scènes sont plaisantes, animées d'une certaine légéreté. C'est l'esprit «rocaille», avec toute l'élégance, la vitalité et la sensualité qu'a su lui insuffler Falconet.
| Raphaëlle Stopin 07.11.2001 |
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