Jospin offre un musée aux ArchivesLe premier Ministre a annoncé la création d'une nouvelle institution. Elle sera située en région parisienne et rassemblera les documents postérieurs à la Révolution.
PARIS, 5 nov (AFP) - Lionel Jospin a annoncé lundi sa décision de créer un nouveau "centre des archives" situé en région parisienne, répondant ainsi à la demande pressante des historiens et des archivistes. Le Premier ministre, qui s'exprimait en ouverture d'un colloque à Paris sur "les Français et leurs archives", a annoncé en outre la mise en place d'un "comité interministériel des archives" pour mieux "coordonner" l'action des administrations dans ce domaine. Il a confié la "mission de préfiguration" du nouveau centre des archives à la directrice des Archives de France, Martine de Boidesffre, qui devra proposer une implantation en janvier lors de la réunion du premier comité interministériel. M. Jospin a jugé "nécessaire" que le bâtiment soit situé en région parisienne, "à proximité des centres producteurs d'archives et dans un environnement scientifique et culturel qui favorise son développement".
En janvier dernier, quelque 600 historiens et archivistes avaient lancé un appel pour la construction d'un tel centre, en dénonçant la saturation des bâtiments des Archives nationales. Une "association pour une cité des Archives nationales" avait été constituée. La nouvelle structure recueillera les documents postérieurs à 1790, comme l'avait préconisé le rapport Belaval il y a deux ans. Simultanément, le centre Historique des archives, situé à Paris, sera modernisé. Y seront conservées les archives antérieures à 1790. Quant au comité interministériel, il se réunira une fois par an sous la présidence du Premier ministre. Il devra faire des propositions en matière de recensement des fonds à ouvrir, de numérisation, de choix de lieux et de modalités de l'archivage. M. Jospin veut surtout "mettre un frein" à la volonté de chaque administration de gérer elle-mêmes ses archives. Par une circulaire publiée dimanche au Journal officiel, il rappelle le rôle de "contrôle" de la Direction des archives de France, sauf pour les ministères des Affaires étrangères et de la Défense.
Il a souligné l'action du gouvernement en faveur d'une plus grande ouverture des archives. A cet égard, il a cité un projet de loi déposé au Parlement qui vise notamment à supprimer le délai de droit commun de 30 ans et à réduire les délais spécifiques (personnes privées et secrets d'Etat). Il a souhaité donner un "fondement juridique" au versement des "archives politiques" pour améliorer leur collecte et leur accès. Le Premier ministre a évoqué l'ouverture des archives de la Seconde guerre mondiale puis de la guerre d'Algérie. Il a inscrit ces décisions dans le cadre d'une politique de mémoire. "Loin d'avoir à le redouter, notre Nation sort renforcée de l'examen serein de son passé", a-t-il dit. "Pour moi, la recherche de la vérité n'est pas une repentance", a-t-il ajouté en écho à la polémique il y a un an sur la torture pratiquée pendant la guerre d'Algérie. M. Jospin a annoncé l'acquisition par l'Etat d'un siège, boulevard des Invalides à Paris, pour accueillir la Fondation de la Résistance et la Fondation pour la Mémoire de la déportation. "Les archives touchent directement et intimement nos concitoyens", a-t-il souligné, en estimant que leur "préservation et leur développement" était un "devoir d'Etat". Le colloque, auquel participaient notamment l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, et les anciens Premiers ministres Pierre Mauroy et Pierre Messmer, devait se clore en fin d'après-midi par la lecture d'un message du président Jacques Chirac.
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