Les millions de Pissarro

Au lendemain de la vente Gaffé, Sotheby’s présente des lots alléchants de peinture impressionniste et moderne. L’estimation la plus haute concerne Pissarro, rarement habitué à un tel honneur lorsqu’il est confronté, comme c’est le cas, à Matisse, Bonnard ou Munch. Sa Rue Saint-Lazare, peinte sur toile en 1893, décrit le chaos (déjà !) du trafic aux abords de la gare, l’enchevêtrement de piétons et de voitures à chevaux, dans une facture à mi-chemin entre impressionnisme et néo-impressinnisme. Ce tableau, jusqu’à présent en mains privées, est évalué entre 4 et 6 millions de $.

Les sobres, essentielles Anémones au miroir noir ont été peintes par Matisse en 1915 alors qu’il résidait à l’hôtel Méditerranée à Nice. Le tableau est estimé entre 3,5 et 4,5 millions $. Une autre version n'a pas trouvé preneur lundi, lors de la vente Phillips : un mauvais présage ? Une belle œuvre de Braque, La Calanque de Figuerolles, La Ciotat (de 2,8 à 3,5 millions $) marque la fin de sa période fauviste. Le cubisme naîtra sur les mêmes rivages méditerranéens. Un Bonnard intimiste, La Nappe aux carreaux rouges, de 1915, décrit une atmosphère de félicité bourgeoise - sa future épouse Marthe y boit nonchalamment le thé en compagnie de son chien (1,5 à 2 millions $). Le Nu descendant un escalier de Duchamp n’est évidemment pas l’original de 1912 mais une version postérieure (1915), réalisée au crayon et à la gouache sur une photographie de l’œuvre (400 000 à 600 000 $).

Du côté des sculptures, Maillol est présent avec un monument commandé en 1937 par la ville de Toulouse - siège historique de Latécoère et point de ralliement de Mermoz, Saint-Exupéry ou Guillaumet autour de Dider Daurat - qui voulait rendre hommage aux pilotes aériens morts en mission postale. Ce bronze, réalisé par Godard à Paris, devrait dépasser 2 millions $. Dans un tout autre style, une Femme de Venise conçue par Giacometti pour la Biennale de Venise en 1956, bénéficie d’une estimation supérieure à 3 millions $.