Le patrimoine se penche sur son passé militaire

Choisi longtemps à l’avance, le sujet de cette année se révèle particulièrement adapté à l’actualité. «Le choix du thème est un mélange de ce qu'on a envie de faire, de ce que nous considérons utile pour nos exposants et de notre volonté d'attirer de nouveaux publics, explique Jessy Westenholz, commissaire du Salon depuis sa création en 1995. L'édition sur le patrimoine sacré avait été formidable par sa capacité à toucher des milieux pas forcément impliqués dans le patrimoine ou la restauration. Ce que nous voulons, c'est que les gens se rendent compte que le patrimoine, c'est un château mais que ce peut être aussi le fauteuil que vous a laissé votre grand-mère. Quand nous avons choisi le patrimoine militaire, l'an dernier, nous ne nous doutions pas qu'il serait d'une actualité aussi brûlante. L'an prochain, nous aborderons le patrimoine industriel». Depuis 1997, date à laquelle le salon est devenu annuel, se sont succédé «Parcs et jardins», «Art sacré» en 1998, «Patrimoine touristique» en 1999, «Patrimoine au fil de l’eau» en 2000. Depuis 1998, le salon se tient au lendemain de la Toussaint. Sa fréquentation, qui était de 15 000 visiteurs la première année, a dépassé 22 000 en 2000. Les stands étrangers sont encore rares même si l'on compte des participants portugais et finlandais «Nous avons un vrai travail à faire de ce côté. Il y a peu de salons comparables au nôtre en Europe - les principaux étant «Denkmal» en Allemagne tous les deux ans, et celui de Sienne. Mais il y a de nouvelles initiatives à Rome ou en Espagne, ce qui est réjouissant. On réalise que le patrimoine est important, qu'il faut le protéger et qu'il est nécessaire, pour cela, de dépenser de l'argent…»

Outre les institutions – cette année, le ministère de la Défense est en première ligne – on pourra rencontrer des collectivités régionales. Le conseil général du Cher présente une collection de plans d’ingénieurs du Grand Siècle tandis que son homologue mosellan détaille le projet d’aménagement du fort de Simserhof, l’un des bastions de la Ligne Maginot. Du côté de l’étranger, on retiendra la présence de la Finlande, avec la forteresse de Suomenlinna, bien connue des amateurs d’opéra. Sa restauration – colossale : l’ensemble est composé de plus de 250 bâtiments - est considérée comme un modèle du genre. Des agences d’architectes ou même de simples associations de copropriétaires, comme celle qui milite pour la remise en état du fort de la Conchée au large de Saint-Malo, voisinent, comme il est d’usage, avec des artisans, des restaurateurs, des écoles d’art, etc.

De nombreux débats, remises de prix et ateliers sont programmés sur les quatre jours du salon. On pourra assister aujourd’hui en matinée à une rencontre autour des musées militaires et des arsenaux de Méditerranée. Dans l’après-midi, une table ronde s’interrogera sur la façon d’aborder l’éducation au patrimoine. Vendredi, on passera en revue les fortifications d’Europe septentrionale puis l’on abordera quelques dossiers spécialisés : les pôles d’économie du patrimoine ou les procédures de cession du patrimoine immobilier du ministère de la Défense. Durant le week-end, seront présentés les projets de développement du musée de l’Air et de l’Espace et la mise en réseau des forts de Charente-Maritime.