Sortie d’usine à CherbourgBéatrice Didier, l'une des initiatrices du mois de la photo à Cherbourg, nous parle de cette troisième édition, centrée sur le monde des ouvriers.
| John Davies,
Bowling Greens,
Cheshire, 1988.
© Centre régional de Cherbourg. |
Quelle est l’origine de cette manifestation ?
Béatrice Didier. David Barriet, David Benassad et moi-même avons créé une association en 1999 dans la dynamique de notre activité d’éditeurs spécialisés dans la photographie contemporaine, le Point du jour. Nous avons soumis notre projet à la ville de Cherbourg et avec son agrément nous avons monté le mois de la photo. Nous en sommes déjà à notre troisième édition. La première était consacrée aux « conflits intérieurs » autour du travail d’artistes irlandais comme Donovan Wylie. La seconde s’interrogeait sur les rapports de l’homme avec son environnement, et présentait des oeuvres de Richard Billingham et d’une artiste allemande, Ruth Blees Luxemburg. Cette année, nous nous sommes penchés sur le thème « fin de la classe ouvrière ? »
Comment avez-vous choisi ce sujet ?
Béatrice Didier. Chaque année, nous essayons de trouver un thème à la fois politique et social qui touche les Cherbourgeois. Nous espèrons faire venir des gens, normalement éloignés de l’art, vers l’art contemporain, en touchant une problématique qui leur est chère. Cherbourg-Octeville est une ville ouvrière dans une région défavorisée sur le plan économique. Ce sujet nous a donc semblé approprié, d'autant plus que nous nous trouvons dans une période charnière : l’économie change et la classe ouvrière se raréfie.
| Allan Sekula,
Dead Letter Office,
Ensenada, 1977.
© Centre régional de Cherbourg. |
Quels sont les artistes exposés cette année ?
Béatrice Didier.
Nous présentons les oeuvres de Lewis. W.Hine, avec des de photos du début du siècle notamment sur le travail des enfants aux Etats-Unis. John Davies expose des photos noir et blanc sur les paysages industriels et des clichés pris pendant sa résidence à Cherbourg cet été. Le théoricien Allan Sekula, qui travaille sur la globalisation, présente des photos de dockers et un diaporama de 1972 Untitled Slide Sequence. Dans cette oeuvre, il donne son interprétation de la Sortie d’usine des frères Lumière. Enfin, les visiteurs pourront voir les grands formats très contemporains de Timm Rautert, dont la thématique est l’usine déshumanisée. En parallèle avec les expositions, nous travaillons avec les habitants d’Octeville sur diverses thématiques liées à la classe ouvrière, comme les femmes au travail. L’objectif est de faire témoigner des individus et de leur permettre de faire le lien entre leur expérience personnelle et une expérience plus globale.
Quels sont vos projets ?
Béatrice Didier. Le premier week-end de décembre, nous organisons un festival du film documentaire sur le même sujet, allant des frères Lumière à nos jours. Yves Pagès et d’autres sociologues participeront à cette manifestation. Et, bien entendu, nous préparons la prochaine édition du mois de la photo autour du thème de l’imaginaire national.
| Magali Desautez 12.11.2001 |
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