| La Trinite Santa Maria Novella |
L'invention de la perspectivePour commémorer le sixième centenaire de la naissance de Masaccio, la galerie des Offices présente une exposition ambitieuse et savante.
Son prétexte est la restauration de la fresque de la Trinité de l'église Santa Maria Novella, qui a été choisie comme exemple excellent de l'art de la perspective de la Renaissance italienne. Le champ d'investigation proposé au public ne se limite pas aux arts plastiques, mais aussi à la mathématique, l'architecture, le théâtre et les sciences, à commencer par l'astronomie, Galilée tenant ici une place importante. En sorte que ce voyage dans le monde de la perspective commence avec Giotto, Filippo Brunelleschi, qui passe pour l'inventeur de la perspective, passe par Piero della Francesca, qui a été un mathématicien émérite, se prolonge par Léonard de Vinci et Albrecht Dürer pour s'achever avec Johann Strabius et Ludovico Cigoli.
L'aspect le plus intéressant de cette manifestation réside dans la reconstitution d'appareils construits par les artistes et les scientifiques pour parvenir à représenter l'univers sensible de façon crédible. C'est ainsi qu'on peut voir reconstituée la tablette crée par Brunelleschi avec la vue du baptistère de Florence, telle que l'a décrite son contemporain, Antonio Manetti. On peut aussi comprendre par une traduction tangible Mes méthodes appliquées , par Leon Battista Alberti, l'un de ses plus grands théoriciens, mais aussi les étranges extrapolations géométriques de Paolo Uccello, en particulier dans sa fameuse Bataille de San Romano des Offices. On a aussi le loisir de découvrir les étonnantes marqueteries de Cristoforo da Lendinara.
En sorte, c'est une gigantesque histoire de l'illusion artistique qui est montrée dans ces salles. La partie scientifique est passionnante, parce qu'elle ne concerne pas exclusivement les sciences exactes, mais aussi les techniques militaires et la cartographie, avec des oeuvres de Stradone ou de Vasari. A Léonard de Vinci est consacrée une section entière où trône L'Adoration des mages conservée dans le même musée et des dessins du Codex Atlantico, conservé à l'Ambrosiana de Milan. Ce vaste compendium didactique est incontestablement passionnant et réalisé avec compétence bien que d'un accès difficile. Dommage que le catalogue ait pris la forme d'un austère et même ennuyeux recueil d'essais érudits qui le font ressembler aux actes d'un colloque de spécialistes au plus grand mépris du public.
| Gérard-Georges Lemaire 08.11.2001 |
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