La collection du FRAC Corse part en fumée

«L’incendie s’est déclaré ce matin à 5 heures. Il a ravagé les réserves, d'où l’on voit encore des flammes à l’heure où je vous parle (16 heures).» nous confiait hier Jean-Marie Miserey, directeur des affaires culturelles de la région Corse. Ces réserves sont logées dans un petit bâtiment annexe aux salles d’exposition. Le Frac Haute-Corse, qui ne dispose pas de grands moyens (il ne bénéficie pas d'un budget général, ses fonds sont noyés dans le budget général de la direction régionale des affaires culturelles), était justement en négociation pour trouver un lieu plus approprié.

«La valeur d’inventaire des œuvres perdues - c’est-à-dire la valeur d’achat, inscrite au bilan - est comprise entre 8 et 10 millions de francs. Mais il va de soi que la valeur marchande est beaucoup plus élevée. De nombreuses œuvres ont pris de la valeur depuis la création du FRAC il y a 20 ans». Environ 80% des œuvres ont disparu signées Buren, Hirschhorn ou Leccia. Une commande faite à Claudio Parmiggiani a résisté au brasier : deux mains coulées dans le bronze. Les autres pièces rescapées sont celles qui étaient prêtées pour des expositions ou qui étaient conservées dans les bureaux.

La gendarmerie mène actuellement l’enquête mais tout laisse à penser qu’il s’agit d’un incendie criminel. On a en effet trouvé des traces de gazole sous une fenêtre. Selon Jean-Marie Miserey, le FRAC n’a jamais reçu de menaces précises mais l'on sait que l’art contemporain est en butte à un certain nombre d'acrimonies, et pas seulement en Corse. L'incendie intervient cependant dans un climat local assez tendu - la loi sur la Corse est actuellement discutée au Sénat - comme l’ont encore prouvé les manifestations pour le 20e anniversaire de l’université de Corte, avant-hier.