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Expositions


Conformément à la volonté de l'artiste, David Hockney, s'opposant à toute diffusion de son œuvre sur internet, aucune de ses réalisations n'est reproduite ici.


Hockney, au fil des expériences

Des gravures des années soixante aux très récents dessins à la chambre claire, la galerie Lelong présente l'artiste américain dans sa pluralité.

Sur deux niveaux, la galerie parisienne expose quelque 40 œuvres de David Hockney. L'on y retrouve ce peintre du familier, avec ces grandes compositions peintes et leurs corollaires au fusain, représentant sa maison de Los Angeles ou encore la vue depuis sa chambre d'hôtel. Les grands formats sont peints de couleurs vives, les formes sont pleines, cernées, rappelant parfois la manière fauve. Comment ne pas songer, en effet, à la vue de Guest house garden avec ces troncs rouges contenus dans un cerne bleu, aux tableaux fauves de Derain ou de Vlaminck ? De même, comment ne pas faire de parallèle formel entre ces compositions aux plans étagés, non dans la profondeur mais dans la hauteur de la toile (My garden in L.A.) et certaines œuvres de Matisse, comme Fenêtre à Collioure ? Plantes, arbustes, feuillages en tous genres, sont les principaux protagonistes de sa peinture, leurs courbes se déploient sur la surface de la toile dans un dessin au trait ferme et tendu. Les œuvres sur papier, réalisées au fusain, offrent cette même maîtrise de la ligne, qui là encore, est épaisse, continue. L'absence de couleurs n'affaiblit pas le sujet. L'artiste parvient par la simple modulation des pressions infligées au fusain, à rendre diverses tonalités, suggérant différentes densités. Du seul contraste entre ce trait noir, affirmé, et la réserve du papier blanc, naît l'illusion d'une couleur (The gate).

Les portraits exposés, tous très récents, utilisent également, pour une part d'entre eux, le fusain. S'observe alors la même habileté du dessinateur face aux potentialités expressives du médium. Un second type de dessins se distingue, issus de ses derniers travaux. Ces œuvres graphiques, réalisées avec la technique de la chambre claire, achèvent de prouver les relations qu'entretient l'art d'Hockney avec les réalisations artistiques passées. Ces dessins sont le fruit de la nouvelle expérience entreprise par l'artiste. Frappé par la précision et le réalisme des dessins d'Ingres, qu'il découvre lors d'une rétrospective à Londres en 1999, il se met en tête de percer le secret d'un tel vérisme. Il remarque alors des similitudes entre le dessin d'Ingres et celui de Warhol, une même assurance du trait, qui l'amène à penser que le peintre du 19e siècle, à l'instar du pop artiste, a utilisé un appareil optique. A la lumière de cette découverte, l'artiste entreprend une relecture de l'histoire de l'art pictural, que vient synthétiser son ouvrage, paru très récemment, Savoirs secrets. Or, ce réalisme, Hockney portraitiste l'a toujours recherché, sans jamais parvenir à l'atteindre. La chambre claire des peintres du passé, et non le projecteur de Warhol, sera son instrument. Les dessins sont réalisés sur papier gris à l'encre, celle-ci autorisant une plus grande précision du trait. Le résultat est saisissant, ces figures, dessinées sur le papier, sans aucune indication temporelle ni spatiale, frappent par leur présence et leur force suggestive. A cet ensemble de peintures et de dessins, s'adjoignent quelques estampes, des lithographies et notamment une série de six gravures, datant de 1969, illustrant chacune un conte et regroupées au sein d'un livre. Elles témoignent du caractère protéiforme de l'œuvre d'Hockney, qui investissait alors le livre en tant qu'espace de création.




 Raphaëlle Stopin
09.11.2001