Les Hittites descendent des hauts plateauxLe Bundeskunsthalle de Bonn nous plonge dans la culture du peuple anatolien «aux mille dieux».
| Vue de Yerkapi, aux environs
d'Hattusa © Peter Oszvald,
Kunst- und Austellungshalle
der Bundesrepublik Deutschland |
Après l’Iran achéménide et le Pérou ancien, le musée fédéral d’art de Bonn se penche sur une autre civilisation antique mal représentée dans les collections européennes, les Hittites, en réunissant plus de 150 chefs-d’œuvre des musées archéologiques anatoliens. Au cours du 2e millénaire avant notre ère, cette population d’origine indo-européenne s’installe sur les plateaux anatoliens et donne naissance à une civilisation fortement marquée par les caractères autochtones. Dès le 15e siècle av J.C., cet empire devait constituer l’un des importants pôles politiques du Proche-Orient dont le déclin s’amorce vers 1200 av.-J.C., dans des circonstances obscures, l’assimilation progressive des populations étant sans doute autant en jeu que l’invasion des « Peuples de la mer ».
| Relief représentant un roi,
basalte, 128 cm, musée de la
civilisation anatolienne, Ankara
© T.C. direction générale des
antiquités et des musées,
Ministère de la culture,
Ankara |
La première mention faite de cette culture concerne un relief de Karabel, portrait monumental du souverain Tarkasnawa, et ce n’est sans doute pas un hasard. Interprété par Hérodote (Histoire, II, 106) comme une preuve du passage du pharaon Sesostris II en expédition pour la Thrace, cette sculpture est en effet l’un des témoignages de l’art monumental auquel donna naissance cette société fortement hiérarchisée. Au cours de la période la plus faste de l’empire, les rois hittites multiplient les grands projets, fortifiant les grandes villes, construisant de larges sanctuaires et développant un type de complexe palatial qui devait être à l’origine de la grande tradition perse. Cet aspect primordial de la culture hittite est évoqué ici par la présence de reliefs sculptés ou d’orthostates qui constituent l'assise des remparts qu'ils protègent sur un plan fonctionnel autant que symbolique. Il est également évoqué par des vues en grand-format et des maquettes des principaux sites archéologiques anatoliens.
Mais une exposition consacrée aux Hittites ne saurait passer sous silence le domaine religieux. Comment en serait-il autrement pour un peuple qui évoque constamment « les milles dieux du pays de Hatti » sur ses tablettes cunéiformes ? Si les monarques ont un pouvoir politique, ils sont également les principaux officiants d’une religion syncrétique dont les divinités sont pour partie issues du panthéon local hourrite, mené par le dieu de l’orage, Teshub, et la déesse soleil, Arinna. Céramiques, sceaux, statuettes en bronze, objets d’orfèvrerie restituent cet univers qui fut dévoilé au public en 1834 lors de la découverte par Charles Texier du sanctuaire de Yazilikaya. C’est cette double gorge rocheuse aux flancs ornés de deux cortèges de divinités qui devait permettre aux archéologues de redécouvrir la civilisation hittite et de retrouver le site d’Hattusha, la capitale demeurée jusqu’alors mystérieuse.
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