Christer Strömholm, The white lady,
Barcelone 1959
© Galerie VU
Christer Strömholm, Pigalle,
Paris 1954
© Galerie VU
| | La nuit de StrömholmLe photographe suédois, chroniqueur de l'envers de la société, est exposé à la galerie Vu.
Cette exposition est importante pour qui ne connaît pas l’oeuvre de ce photographe suédois, né à Stockholm en 1918. Très peu d’ouvrages de lui circulent - les éditions Phaidon en préparent un pour l’année prochaine, dans la collection 55, et d’autres projets suivront . Peu d’images ont été montrées en France - sa dernière exposition remonte au Mois de la Photo à Paris de 1992. En revanche, une exposition significative circule actuellement en Espagne, à l’initiative de la Fondation «La Caixa» de Barcelone. Aujourd’hui, Christer Strömholm est gravement malade et l’un de ses fils, Joakim, s’applique avec attention et respect à reconstituer tous les éléments de cette oeuvre très personnelle.
Son père a pas mal voyagé, en Europe et en Asie. Il a longuement séjourné en France, dès la fin des années 40, et a même acheté une maison dans un village abandonné de Provence. Certainement plus occupé à vivre qu’à construire son image d’artiste pour la postérité, iI exerce néanmoins une influence considérable sur les photographes suédois d’aujourd’hui, comme Anders Petersen, et sa reconnaissance va grandissante : le très réputé prix de la Fondation Hasselblad lui a été décerné en 1997. Christian Caujolle et Joakim Strömholm ont donc réuni à la galerie Vu un ensemble assez représentatif, comprenant 117 pièces. Ensemble un peu hétérogène quant à la nature des tirages exposés : des “vintages” plutôt rares se mêlent à des tirages plus récents.
Il n’empêche que le parcours - pas toujours très lisible d’ailleurs - est assez varié. Dans celui-ci, le Paris de l’après-guerre occupe une place non négligeable, Pigalle surtout, et la faune qui anime le quartier, mais aussi par exemple de curieuses créatures de foires. Christer Strömholm aime les gens de la nuit, à Pigalle et ailleurs - aux Halles par exemple -, les prostituées en particulier - pas seulement à Paris -, et les travestis. Il aime la surprise, l’énigme, la peur et transcrit ces émotions à travers la photographie. Des émotions qui ne sont pas seulement le fait des gens qu’il rencontre, mais aussi des objets, des traces, des signes. Tandis que beaucoup de ses contemporains ont conçu la photographie comme témoignage d’une société, Strömholm l’a plutôt utilisée pour explorer ce qu’il y avait au-delà de la réalité, et en fin de compte interroger notre inconscient. Et c’est cet esprit qu’il est intéressant de retrouver aujourd’hui dans son exposition.
|