A l’heure du thé...

Instruments d'érudits, porte-bijoux ou objets décoratifs : autant de possibilités de révéler des pièces hors du commun, comme le prouvent les 24 objets choisis par Valérie Levesque. On trouve dans la vitrine de l’entrée l'objet le plus précieux de la collection de la galerie. Il s’agit d’un porte-pinceau d’époque Ming, de type Kinrande. Innovation du règne Jiajing, cette porcelaine émaillée turquoise de qualité exceptionnelle était l’attribut des lettrés. Sa forme de tambour et ses couleurs vertes, jaunes et rouge foncé témoignent du soin donné à sa confection. Le raffinement est également de mise dans ce brûle-parfum impérial en faïence de Satsuma. Ornée de différents symboles comme le chrysanthème, fleur symbolique de la puissance impérial, le phénix, emblème de l’Impératrice, ou le lion bouddhique tiré de la tradition chinoise, la pièce est coiffée d’un couvercle en argent ajouré.

La petite table basse chinoise dite « table Kang » en laque incrustée de nacre datant du 15e-16e siècle fait figure d’œuvre maîtresse (100 000 FF). Son plateau décoré de motifs géométriques et d’une scène figurative illustre une parfaite maîtrise de la composition. Cet élément d’aménagement d’intérieur servait aussi bien à l’écriture qu’aux collations. De chaque côté, les deux terrines couvertes en porcelaine et émaux de la Famille Rose affichent un décor probablement issu d’une commande européenne. Les curieuses têtes d’Indiens surmontées de coiffes de plumes forment les anses tandis que des motifs floraux ornent le corps des pièces (600 000 FF).

Dans la deuxième vitrine, plusieurs pièces attirent notre attention. Parmi elles, le Buffle supportant un vase Gu d’époque Ming : une iconographie rare et un mouvement ingénieux. Une armoire miniature en ivoire originaire des ateliers de Canton vers 1800 présente un travail sculpté de très grande qualité. Les deux vantaux offrent une sculpture en bas-relief illustrant une scène quotidienne du répertoire traditionnel chinois. La virtuosité de l'exécution permet de comprendre la renommée qu'avait obtenue Canton dans la sculpture sur ivoire. Le Kashibako (boîte destinée à contenir des sucreries) pourrait bien être la pièce fétiche de la galerie. Sur un fond en bambou tressé, l’emblème de l’automne, le cerf occupe l’espace principal. On doit la finesse et la poésie de ce travail à l’artiste laqueur Hon’ami Koetsu (35 000 FF).