Tableaux d'un nababÀ New York, Sotheby’s met en vente 30 pièces de la collection du producteur Douglas S. Cramer.
| Roy Lichtenstein, Figure nageant
avec un miroir, huile et magma
sur toile, 152 x 178 cm
Estimation : 1,5 / 2 millions $ |
La célébrité de Douglas S. Cramer est plutôt associée au monde du petit écran. Scénariste puis producteur, l’américain est passé par la 20th Century Fox ou la Paramount Television, a collaboré avec Columbia Pictures ou Aaron Spelling Productions. C’est à lui que l’on doit des séries aussi populaires que La croisière s’amuse, Batman, Dynastie ou Mission impossible... Si sa fortune s’est construite à la télévision, Cramer est aussi un amoureux de l’art contemporain. Dans les années 60, il commence à fréquenter les galeries et à assouvir sa passion en achetant des estampes du 20e siècle signées Georges Braque, Jasper Johns ou Roy Lichtenstein. Au gré de ses réussites professionnelles, il a pu donner un essor extraordinaire à sa collection, fréquentant artistes en vogue et marchands d’art prestigieux, donnant d’importantes œuvres au MoMA ou à la Tate Modern, participant à la fondation du musée d’art contemporain de Los Angeles...
| Jasper Johns, Montez Singing,
encaustique et sable sur toile,
191 x 128 cm
Estimation : 3,5 / 4,5 millions $ |
Les trente lots proposés aujourd’hui par Sotheby’s retracent l’histoire du collectionneur. Mais par leur extrême cohérence, ils plongent surtout dans un univers artistique, le New York des années 1960-1970. Peintures et sculptures traduisent un retour aux tonalités pures, au noir, au blanc et aux couleurs primaires comme Rouge, blanc, bleu de Kelly (900 000 $), une peinture noire de Brice Marden ou Jaune, noir, une huile sur toile en deux éléments monochromes de Kelly (600 000 $). Elles illustrent également une recherche de clarté des formes. Cette quête, si évidente dans les constructions des artistes minimalistes - Joel Shapiro, Donald Judd, Frank Stella ou Richard Serra -, est également sensible chez Roy Lichtenstein. On la trouve depuis l’exploration de la bidimensionnalité de la toile comme dans Miroir #1 (1 million $) jusque dans des œuvres presque surréalistes, telle la Figure nageant avec un miroir de 1977 (1,5 millions $) où les formes sinueuses vont de pair avec une construction fermement ordonnée. La pièce majeure de la vente estimée à 3,5 millions $ est une toile étrange de Jasper Johns, Montez Singing. Dans son faux cadre, cette peinture conçue comme une citation de détails du Chapeau de paille au feuillage bleu de Picasso illustre dans un style naïf une chanson américaine pour enfants.
|