L’art allemand s'installe à New York

Né de l'amitié entre le marchand d’art Serge Sabarsky et le président d'Estée Lauder, le collectionneur Ronald S. Lauder, un nouveau musée, entièrement consacré à l’art autrichien et allemand, ouvre ses portes aujourd’hui. C’est en fréquentant régulièrement la galerie new-yorkaise de Sabarsky, ouverte en 1968, que Lauder et le galeriste se sont connus. Depuis des années, partageant une même passion pour l’expressionnisme, ils évoquaient le rêve d’ouvrir un musée consacré à cette période artistique, afin d’en montrer les plus beaux exemples au public. En 1994, ils trouvent le lieu idéal, un immeuble de style Louis XIII, situé à l’angle de la Cinquième Avenue et de la 86e rue à Manhattan. Sabarsky meurt en 1996 mais Lauder portera le projet à terme en hommage à son ami.

Les six étages de l’immeuble abritent donc une vaste collection de la première moitié du 20e siècle, dans laquelle figurent des tableaux de Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka. Le premier étage est consacré à l’art autrichien, le second à l’art allemand et aux expositions temporaires. Les écoles der Blaue Reiter et die Brücke, le Bauhaus sont particulièrement bien représentées en peinture mais l'on trouve aussi des sculptures, de l’art graphique, des arts décoratifs. Deux expositions par an offriront un aperçu plus précis de ce fonds, ainsi que des œuvres provenant de collections privées prêtées à ces occasions. L’exposition inaugurale « New Worlds : German and Austrian Art, 1890-1940 » débute cette série de présentations.

L'anecdote est connue. Nul doute qu’en ce jour, Ronald S. Lauder s'en souviendra : lors de leur première rencontre, il avait demandé à Serge Sabarsky s’il connaissait des collectionneurs de Schiele et Klimt en Amérique. «J'en connais deux» avait dit Sabarsky, à quoi Lauder répondit : «Avec mon frère Leonard et moi-même, cela fait deux de plus». Le sourire aux lèvres, Sabarsky s'était exclamé «Je vous avais déjà compté…»