Soubreveste de mousquetaire,
1814-1815
avant restauration
© Musée de l'Armée
Soubreveste de mousquetaire,
1814-1815, (détail)
Lacune dans flamme
avant restauration
© Musée de l'Armée
Soubreveste de mousquetaire,
1814-1815, (détail)
Lacune dans flamme après
restauration
© Musée de l'Armée
| | Restauration et vieux fanionsAu Salon du Patrimoine, sur le stand du ministère de la Défense, rencontre avec deux restauratrices du musée de l’Armée.
Quelle est votre formation ?
Isabelle Rousseau. Nous sommes diplômées de la maîtrise de sciences et techniques de Paris I. Le niveau minimum requis pour accéder à cette formation est bac + 2, mais la majorité des étudiants a déjà une maîtrise ou un DEA en histoire ou en histoire de l’art. Je travaille sur les drapeaux et Isabelle Grisolia sur les uniformes et équipements. Nous intervenons sur toute la collection, essentiellement pour les expositions, à la demande des conservateurs.
En quoi consiste exactement la collection de drapeaux du musée de l’Armée ?
Isabelle Rousseau. Elle s’étend du 17e siècle, jusqu'au moment où apparaît le modèle réglementaire, c’est-à-dire en 1880. Le modèle réglementaire correspond au drapeau français actuel. Il obéit à certaines règles au niveau des matériaux et des dimensions, extrêmement strictes. Mais dès 1812, il existe des lois et des textes qui régissent la fabrication des drapeaux. Les seuls objets ou l' on rencontre un peu de fantaisie sont les fanions, pour lesquels il n’y a aucun règlement. Notre collection comprend également des trophées, qui sont des prises de guerre. Nous avons des étendards, des fanions et des bannières.
Comment procédez-vous à la restauration ?
Isabelle Rousseau. Pour chaque objet que l’on nous confie, nous ouvrons un dossier dans lequel nous décrivons son état avant intervention. Ensuite nous faisons une proposition de traitement. Pour les drapeaux, en général, je fais une micro-aspiration, très rarement un nettoyage. Puis je passe à la consolidation. Dans le cas d’un drapeau fendu, je pose une pièce au niveau de la fente, pour consolider la partie abîmée. Le drapeau sera exposé suivant son état, à plat ou à la verticale. A partir de là, je propose différents types de montage. Bien entendu, nous travaillons en concertation avec le conservateur. Il faut toujours s’adapter à l’état de la pièce et à sa destination : la pièce doit-elle retourner dans les réserves ou doit-elle être exposée ? C’est une opération extrêmement lente, un travail de longue haleine.
Isabelle Grisolia. Prenons l’exemple de la doublure d’un chapeau de Napoléon, dont une grande partie est manquante. Nous avons démonté la doublure. On utilise toujours le même textile que la matière d’origine. S’il s’agit d’un drap de laine, on reprend un drap de laine, on fait une teinture pour avoir la même couleur que celle de l’objet. Les matériaux que nous utilisons sont neufs et écrus à la base. On place notre pièce de support sous la lacune et on la maintient au textile ancien par ce que l’on appelle des points de restauration. On ne fait pas de réintégration. L’altération sera toujours visible. C’est le principe même de la restauration muséale. On garde l’objet dans l’état, en évitant qu’il se dégrade davantage.
Ces objets ont une symbolique forte ?
Isabelle Grisolia. Quand on prend un objet, on retrouve son histoire. On voit parfois qu’il y a eu des ravaudages, juste après la création de la pièce. Des dommages dus à des éclats d’obus, ou encore une déchirure au sabre. Nous avons des uniformes couverts de boue, de soldats qui étaient dans les tranchées de la guerre de 14. Bien entendu, il ne faut surtout pas les nettoyer. Pour des objets forts de symboles, par exemple, ceux qui proviennent des camps de concentration, nous n’intervenons pas du tout. Toutes ces pièces sur lesquelles nous travaillons sont des objets chargés d’histoire et d’émotion...
| Laure Desthieux 10.11.2001 |
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