La fontaine mystérieuse

Datée de 1568, cette coupe porte le poinçon du maître orfèvre B. Delahaye, de la communauté de Rouen. Ses dimensions sont 17,8 cm de hauteur et 17,3 cm de diamètre. Elle se trouve dans un excellent état de conservation. Sa base est de forme ronde, ornée de moulures d’oves et de trois animaux dans des cartouches alternés de chutes de fruits. L’ombilic est surmonté d’une collerette plate, sur laquelle est un nœud en forme de vase ovoïde décoré de trois mascarons grotesques et de bouquets de fleurs. Il supporte trois anses en « S » en forme de triton, encadrant des têtes de lions d’où sortent des becs tubulaires. La coupe en argent martelé, montée à vis, est traversée en son centre par un cône tubulaire reliant ainsi l’intérieur du nœud du fût à la coupe.

Cette pièce faisait partie de la collection de David David-Weill. Cet ensemble d’orfèvrerie a été vendu en 1972, mais certains objets ont été conservés par des membres de sa famille. Cette coupe en argent provient d’un des descendants du collectionneur. Dans l’inventaire, elle est donnée comme fontaine à parfum. Mais dans les documents concernant son époque, il n’a été trouvé aucune référence d’objets similaires. Pourtant, les recherches faites dans l’histoire de la parfumerie et des arts de la table au 16e siècle tendent à conforter cette idée. On utilisait alors largement les « eaux de senteur ». Le comble du raffinement était de proposer à ses invités une aiguière remplie d’eau parfumée, au début et à la fin du repas. Au-delà du 17e siècle on retrouve de nombreux exemples de fontaines à parfum, mais on n’a aucun exemple antérieur similaire à notre objet. L'orfèvrerie antérieur au 17e siècle, lorsqu’elle n’est pas à usage religieux, est rarissime en France. En effet, au Louvre, mis à part le trésor du Saint-Esprit, il n’y a que trois pièces françaises, toutes trois données par des membres de la famille David-Weill !