Tajan, de plain-pied dans l'art contemporain

Comment avez-vous conçu cette vente ?
Marie-Aline Prat, expert près de la Cour d’Appel de Paris. Je travaille avec l’étude Tajan depuis longtemps et comme d’habitude, nous avons voulu couvrir une période allant de l’avant-guerre à aujourd’hui. Nous avons pourtant accordé plus d’importance à l’art contemporain, pour répondre à une nouvelle demande. Le catalogue s’est constitué autour d’une collection particulière très typée, celle de M. et Mme G., pour laquelle nous avons commencé à faire de la publicité très tôt. Cela nous a permis de réunir un important ensemble de lots qui, selon l’estimation basse, devrait totaliser 15 millions de francs. Nous avons d’ores et déjà un bon écho avec des ordres d’achats qui concernent autant les petites pièces, comme le collage de Magnelli, que les classiques, comme la Composition de Poliakoff.

Parlez-nous de cette collection particulière.
Marie-Aline Prat. Pour ce couple sans enfant qui avait de très bons revenus, cette collection, c’était un peu un bébé. M. et Mme G. n’avaient pas de vraie formation mais ils faisaient les galeries le week-end et ils ont apparemment fréquenté les bons endroits. Ils ont acquis des œuvres « conformistes » de belle qualité, comme un Charchoune de 1926, l’une des meilleures périodes de l’artiste, ou l’un des plus beaux Combas qu’on ait vu sur le marché depuis longtemps. Ils ont aussi su faire des choix courageux avec des artistes comme Georges Noël, Carlos Cruz-Diez ou Michel Macréau. Pour Charchoune ou Alberola, j’espère vraiment que les adjudications dépasseront les prix très raisonnables que nous avons fixés. Ces œuvres sont d’une très belle qualité et leurs cotes sont très basses par rapport à celles d’artistes américains ou allemands.

Quels sont vos espoirs pour cette vente ?
Marie-Aline Prat. Cela fait longtemps que l’étude Tajan s’est lancée sur le marché de l’art contemporain. Nous avons connu pas mal de vicissitudes liées à des crises externes et internes. Depuis 2 ou 3 ans, sous l’impulsion de François Tajan qui nous appuie particulièrement, une nouvelle tendance se dessine. On nous propose beaucoup d’œuvres, ce qui nous oblige à «saucissonner» les ventes. Pour ne pas charger trop celle d’aujourd’hui, nous avons préféré en organiser une seconde le 12 décembre. Complémentaire de celle-ci, elle réunira d’autres œuvres de Cruz-Diez et d’artistes «branchés» autour de 10 000 / 15 000 FF pour répondre à l’intérêt d’une jeune génération de collectionneurs qui se développe actuellement. Autre signe, le chiffre d’affaires double presque chaque année. Malgré les aléas du marché, le marché français se porte bien jusqu'ici... Nous espérons que la vente d’aujourd’hui viendra confirmer cette tendance.