La Crucifixion à l’andalouseLe musée des beaux-arts de Séville offre à ses visiteurs un voyage dans l’histoire de la mise en croix.
| © Museo de Bellas Artes de Sévilla |
À travers une sélection de 46 œuvres, comprenant 32 sculptures, 5 peintures et 9 pièces d’orfèvrerie, l’exposition fait le point sur l’évolution de l’iconographie de la crucifixion au cours des siècles. Symbole religieux par excellence, la croix sur laquelle meurt le Christ reste adorée par des millions de catholiques depuis 2000 ans. La série des crucifixions réunies présente les grandes étapes de l’histoire de l’art qui ont permis d’élaborer un style spécifique à l’Andalousie. Du moyen age au baroque, des pièces comme la Croix de cristal de la cathédrale de Cordoue datant du 13e siècle ou le Très Saint Christ de la Belle Mort d'Andrés de Ocampo font revivre la liturgie religieuse et les dévotions privées. L’esthétique gothique apporte à ces scènes des notes de gravité et de réalisme tandis que la Renaissance cherche à idéaliser ses personnages. Autour des années 1500, de nouvelles tendances apparaissent à la suite des influences italiennes et nordiques : le maniérisme naît et le concile de Trente (1563) relance les scènes de martyre et de crucifixions.
L’exposition du musée des beaux-arts de Séville associe à ces sculptures de Christ en croix, des peintures et des objets d’art sur ce même thème, illustrant ainsi l’importance de la religion en Espagne dans tous les domaines artistiques. Parmi les nombreux artistes anonymes, des noms célèbres se distinguent : Alonso de Mena, premier représentant d'une famille de sculpteurs, s'illustre par cet Abandon du Christ daté de 1635. Caractérisés par une expressivité naturaliste, aussi bien dans les attitudes que dans les visages de ses personnages, ses sculptures sont impreignées d'un certain classicisme et d'une grande simplicité. Alonso Cano, nommé le « Michel-Ange espagnol» pour la diversité de ses talents, est ici représenté par un Christ de la Miséricorde de 1638, réalisé conjointement avec Felipe de Ribas. Cette sculpture représente ici ses années d'apprentissage auprès de Montañés à Séville. Parmi les sculpteurs citons également Martinez Montañés, Juan de Mesa ou Pedro Millan, Jorge Fernandez, Andrés de Ocampo et Gaspar Nuñez Delgado. Dans le domaine des peintures sur bois ou sur toile, les plus illustres représentants de l’art espagnol témoignent de leur ferveur :tel Francisco de Zurbarán et son Christ de la Miséricorde . Entre réalisme et mysticisme, cette œuvres illustre son attirance pour les représentations de saints et de scènes religieuses. Le Portrait de la Vénérable Mère Dorothée (1674) de l'artiste sévillan Bartolomé Esteban Murillo préfigure déjà le développement de la peinture espagnole au 18e siècle.
| Stéphanie Magalhaes 24.12.2001 |
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