Jean Arp, le dada abstraitAvec 140 peintures, collages, reliefs et sculptures, la fondation Joan Miró de Barcelone offre sa première rétrospective espagnole à l'artiste.
| Jean Arp, Souvenir du pays d'Heraclès,
1954 © Fundacio Joan Miró |
Né en 1886 à Strasbourg, Jean Arp bénéficie d’une culture à la fois française et allemande. Son voyage à Zurich, en 1916, sera décisif dans sa carrière artistique. En effet sa rencontre avec les écrivains Tristan Tzara, Huelsenbeck et des artistes tel que Marcel Janco déterminera son rôle dans la formation du premier groupe Dada. Les premières années du mouvement se manifestent par la production d’œuvres abstraites et de textes ironiques dénonçant la bourgeoisie considérée alors comme responsable de la guerre. Le cabaret Voltaire, créé à l’initiative du poète et metteur en scène Hugo Ball, rassemble les membres du mouvement dans des soirées animées par des lectures de poèmes phonétiques et de performances bruyantes. Jean Arp participe activement à ces réactions contre l’absurdité du monde en créant une nouvelle forme d’art : l’abstraction formelle. L’artiste y restera attaché durant toute sa carrière tout en l’orientant vers un certain lyrisme.
« Dada est la vie sans pantoufles ni parallèle ; qui est contre et pour l’unité et décidément contre le futur. »( Manifeste de M. Antipyrine)
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Ce retour à l’origine des formes et la promotion de l’art abstrait émane des concepts dada qui visent à rejeter toutes normes sociales ou langage figuratif comme principe de connaissance. De par cette nouvelle quête, l’artiste entre en contact avec certains membres du groupe De Stijl dont Mondrian et de van Doesburg. Ses œuvres zurichoises emploient des éléments de récupération hétéroclites, souvent du bois, ensuite assemblés et colorés. Son travail de sculpteur laissa pourtant dans l’ombre toute son activité picturale. Les Duo-collages abordent le domaine de la construction aléatoire et ouvrent une voie nouvelle à cette technique dès lors considérée comme un principe de détournement . En 1920, Jean Arp et Tzara se rendent à Paris et implante le dadaïsme. Les années 30 déterminent des relations nouvelles entre l’artiste, alors membre du groupe Cercle et carré, et le surréalisme. L’abstraction laisse place à des formes organiques tirées, dans le cas de Arp, de figures biomorphiques.
Conçue en 5 sections, l’exposition de Barcelone permet d’aborder la période la plus faste de l’artiste, de 1912 à 1965, en présentant à la fois ses peintures, ses collages et ses poèmes. En premier lieu, la géométrie et les formes rectangulaires, récurrentes dans l’œuvre de l’artiste mais aussi de sa femme Sophie Taeuber, exposent une approche rigoureuse et construite de l’abstraction. Viennent ensuite l’automatisme et le hasard, la métamorphose, les formes humoristiques et la forme pour la forme. Des modèles en plâtre, de sa période parisienne, participent à la compréhension du processus de création propre à l’artiste. En 1932, la critique de Sebastià Gasch dans le Mirador définit la sculpture de Jean Arp comme « une pure invention des formes ».
| Stéphanie Magalhaes 28.11.2001 |
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