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Expositions

Willem Schellinck,
le mur de la ville en hiver, 1650
© Risksmuseum, Amsterdam

La Hollande en hiver

En attendant les premiers flocons, le musée Mauritshuis de La Haye évoque les paysages enneigés du Siècle d’Or hollandais.


Hendrick Avercamp,
Patineurs dans un village, 1610
© Mauritshuis, La Haye
Les hivers rigoureux sont à l’honneur dans cette exposition qui propose un retour les paysages enneigés, sujets favoris des peintres du 17e siècle. C’est dans les Flandres du siècle précédent que naît la tradition des représentations des mois et saisons. L’hiver se caractérise alors par des arbres croulant sous le poids de la neige, des horizons homogènes et blancs, des personnages luttant contre le froid. La chute d’Anvers en 1585 et l’arrivée de nombreux artistes flamands en Hollande est déterminante pour le développement de ce thèmes qui devient dès lors très prisé des peintres locaux. Amoureux glissant sur la glace de patinoires improvisées, parties de luges et autres loisirs habitent les toiles de Hendrick Avercamp, Adrien van de Venne et Jan van Goyen. Les hivers rigoureux qui ont frappé tout le 17e siècle reste certainement la principale raison de cet engouement pour les représentations hivernales : si la neige recouvrait les paysages, la glace transformait lacs et ruisseaux en surface glissante propre à satisfaire les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres. Empreint d’une certaine nostalgie ou au contraire rempli de gaieté, l’hiver ne pouvait manquer d’inspirer les peintres.


Jacob van Ruisdael, Paysage d'hiver
avec un moulin
, 1670-1675
© Collection Frits Lugt, Institut
Néerlandais, Paris
Ces évocations libres obéissent pourtant à une construction stricte : horizon très haut, vue panoramique et une multitude de détails et de scènes pittoresques. Hendrick Avercamp ( 1585-1634) a certainement été le premier à explorer le thème du patinage. Un sujet qu’il manie avec subtilité et dans lequel il prend plaisir à associer tous les âges de l’homme et toutes les classes sociales comme dans Les patineurs du village de 1610. L’exposition rend hommage à ce narrateur des pistes glacées en présentant 5 de ses tableaux. Un peu plus tard, vers 1610, un style nouveau apparaît sous l’égide de Esaias van de Velde ( 1587-1630). Les artistes travaillent alors à partir de croquis, pris sur le vif en plein air. La rigueur du froid et la lourdeur des ciels deviennent les éléments fondamentaux de tous paysages hivernaux comme en témoignent les tableaux de Jacob et Salomon van Ruisdael, Isack van Ostade ou Philips Wouwerman. En tant qu’artiste majeur du 17e, Rembrandt ne pouvait y échapper : une peinture de petit format, une gravure et trois dessins sont présentés dans l’exposition. La rétrospective s’achève sur cet unique « Hiver », daté de 1646 et digne d’un travail de plein air. Conçue comme une chronique de l’hiver, cette présentation offre, entre autre, l’opportunité d’appréhender un thème à travers des toiles de petits et de grands maîtres hollandais.


 Stéphanie Magalhaes
24.11.2001