Parures de tous les pays, unissez-vous

Lorsque l’enfant naît, la société s’en empare et lui impose sa marque pour mieux l’intégrer dans un ordre précis, qu’il soit celui de la famille, du clan, de la tribu... Journaliste passionnée par les populations nomades rencontrées au cours de reportages en Asie et dans les pays arabes, Bérénice Geoffroy-Schneiter est partie de ce constat pour se pencher sur les parures. Mais il s’agit de « parures » au sens large du terme, c’est-à-dire de l’ensemble des pratiques visant à métamorphoser les corps. Qu’elles soient éphémères, le simple port d’un bijou, d’un vêtement ou d’un maquillage, ou permanentes, modelage des crânes, étirement des cous, perforation des lèvres, tatouages ou scarifications... En effet, ce texte bien rythmé fait fi des classifications traditionnelles par continent ou par « technique » pour mieux rendre compte de ce langage universel.

Images d’archives et photographies contemporaines contribuent à illustrer la diversité de ces « beautés ». On passe de la simple scarification à la taille d’une femme soudanaise à l’accumulation de bijoux d’une mariée de Tanger, d’un croyant hindou au visage imprimé de prières au corps peint d’un homme Surma se préparant au combat... Tous les matériaux sont réunis : pierres précieuses, métaux et perles de verre mais aussi plumes des parures de lèvres brésiliennes de la région d’Urubu Ka’apor, cuir des chemises d’hommes des Indiens des prairies, coquillages et os d’un collier de Nouvelle-Guinée... Quant aux relations entre la création contemporaine et les documents ethnographiques, elles illustrent l’inspiration constante que les couturiers puisent dans ces « autres » cultures comme cette veste de Jean-Paul Gaultier reprenant les lignes des kimonos des geishas à la nuque offerte. Seul petit regret, l’essai introductif ne donne que quelques pistes d’interprétation à tous ces objets qu’on aimerait mieux comprendre…