Un village sous le supermarchéUne équipe d'archéologues a trouvé à Nola, près de Pompéi, un village du bronze ancien de plus de 3.500 ans.
NOLA (Italie), 17 déc (AFP) - Trois cabanes aux murs en cendres solidifiées, un four de cuisson, des vases, une cage avec des squelettes de chèvres : ces restes d'un village de la période du bronze ancien (2100-1700 avant J-C) viennent d'être mis au jour lors de fouilles à Nola, près de Pompéi
(sud de l'Italie). Ce site d'environ 1000 m2 a été découvert "sur un coup de chance" par l'archéologue française Claude Albore Livadie, directeur de recherches au CNRS (centre national de la recherche scientifique). "L'intérêt scientifique de cette fouille est qu'on se trouve à la fois dans une situation de type Pompéi, où la ville a été ensevelie par des pierres ponces volcaniques, et de type Herculanum, où à la fin de l'éruption, une coulée pyroclastique (lave et cendres) a pénétré les structures encore debout, permettant leur solidification et leur conservation", explique-t-elle.
En mai dernier, alors que des travaux devaient commencer pour les fondations d'un supermarché, raconte l'archéologue du Centre Camille Jullian d'Aix-en-Provence, "nous avons effectué un sondage profond au dessous des ponces de l'éruption dite d'Avellino (entre 1880 et 1680 avant J-C)". Cette
éruption du Vésuve a été ainsi nommée, car elle s'était dirigée vers la ville portant ce nom à l'intérieur des terres, alors que l'éruption de 79 après J-C s'était dirigée vers la mer, détruisant Pompéi et Herculanum. Ce sondage a permis de trouver l'emplacement d'un four de cuisson de la période du bronze ancien. Le chantier a alors été stoppé par la surintendance archéologique de Naples et les fouilles ont débuté.
Le Pr Albore Livadie et son équipe ont découvert, à environ 6 mètres de profondeur, trois cabanes dont la base est en forme de fer à cheval et le toit était de forme conique. La plus grande mesure 17 m de long sur 9 m de large, la plus petite 9 m sur 6,5 m. Il y a 3500 ans, elles étaient en bois et en chaume. Les cendres solidifiées ont pris la place de l'armature de la cabane, en restituant parfaitement la forme, unique, selon les spécialistes. Le travail de fouilles consiste donc à dégager, seau à seau, les ponces accumulées à l'intérieur et à l'extérieur des cabanes. Les murs ont été libérés sur une hauteur d'environ 1,30 m, ce qui a permis d'établir des plans précis de ce que devaient être les constructions. Soutenus par une série de piquets en bois, elles comprenaient une partie habitation, en retrait des murs pour mieux isoler du froid ou du chaud, et une partie grenier, pour stocker les vivres. Les fouilles ont également permis de découvrir des dizaines de vases en argile, remplis de cendres durcies. Certains ont été retrouvés en position verticale à l'intérieur du four, laissant penser qu'ils venaient d'être
utilisés pour la cuisson d'aliments.
Enfin, les squelettes de treize chèvres et leurs foetus ont été retrouvés, certaines attachées par le cou à une barrière, d'autres regroupées dans une cage qui devait à l'époque être en bois et en argile. Tous les vases et ustensiles ont été placés dans les réserves du musée archéologique de Nola. A l'exception d'une espèce de coiffe reconstituée à partir de défenses de sanglier taillées en fines lamelles et polies avec soin, qui se trouve dans les ateliers du musée archéologique de Naples. Quant aux cabanes, déjà attaquées par les intempéries depuis leur mise au jour et dont la conservation est impossible à l'air, la plus grande sera reproduite à l'identique dans une salle du musée de Naples, assez vaste pour l'abriter. La plus petite sera reconstruite au musée de Nola. D'ici un mois et demi, les fouilles devraient être achevées. La surintendance archéologique autorisera alors la construction du supermarché mais elle placera sous tutelle toutes les propriétés alentours en vue d'éventuelles futures explorations.
Nicole MARTICHE
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